Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seulement de sauver des âmes, mais surtout de travailler pour le pays. Enfin le patriotisme ardent qui les possède s’épanouira en un besoin, parfois exaspéré, d’indépendance. Elles ne pourront jamais supporter d’être subordonnées aux étrangers, d’en être les « esclaves ». C’est le caractère samouraï qui projette une lumière définitive sur tous ces traits que nous avons déjà relevés. C’est lui qui explique l’homme auquel le Japon a dû l’institution qui, durant bien des années, a représenté avec le plus d’éclat les rapports intimes du protestantisme japonais et de l’instruction supérieure[1].

Nîsima naquit à Tôkyô, en février 1844, d’une famille de samouraï. Son père était secrétaire du prince Itakura Shôtei, daïmio de Matsuyama, en Bitchou. Lui aussi, comme tous ceux dont nous avons rencontré les noms, appartenait donc à la vieille noblesse guerrière. Il fut élevé dans les principes d’une piété bouddhiste sérieuse. De bonne heure, il fut tourmenté par des besoins de renouveau social et religieux. Le Japon était encore fermé. Et pourtant des aspirations inconnues s’y faisaient jour. Parmi les livres écrits en caractères chinois que Nîsima lut dans sa première enfance était une histoire des États-Unis par le missionnaire Bridgman,

  1. Cf. Missionary Herald mars 1890 ; The Church at home and abroad, t. VII, mai 1890, p. 394. Voir aussi la petite brochure intitulée Nîsima et qui a été publiée par la Société de Bâle, un article de Dalton dans l’Allg. Missionszeitschrift (1894, pp. 49 et suiv.), et l’ouvrage de Hardy, Life and Letters of J.-H. Nîsima (Boston, 1892).