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à compromettre. Il y aura aussi dans l’école complémentaire le programme qui orientera vers les écoles commerciales, puisqu’il en faut. Et ainsi chaque domaine de notre activité nationale, chacun de nos besoins sociaux trouvera, dans l’école complémentaire, un entraînement qui préparera les aptitudes aux écoles spéciales, dont le rôle est de former des compétences.

On n’aura donc plus d’excuse pour forcer tous les enfants qui ne se destinent pas au cours classique, à se façonner le cerveau dans ce moule nécessairement aride, entre les bornes étroites de l’anglais et de la comptabilité. Les esprits dirigeants s’inquiètent, d’une manière visible, de cet état de choses, et le point où nous sommes rendus dans notre évolution économique, demande, pour un grand nombre d’enfants qui ont fait le premier stage de l’école primaire, un système plus en rapport avec nos besoins variés, plus apte à élargir les horizons, à étendre et coordonner les idées, à discipliner l’esprit et même à élever les sentiments.

Voilà le fait qu’il faut corriger : l’orientation forcée de tout notre système primaire vers la carrière commerciale. Une réaction s’annonce ; on entend partout les sourdes protestations de gens qui ne savent pas trop où frapper pour atteindre le mal. Cette réaction, il vaut mieux la préparer dans l’ordre en diminuant le nombre de nos académies commerciales, surtout en dehors des villes, en faisant place à d’autres académies (le nouveau programme a changé en appellation d’écoles complémentaires ce nom qui est vraiment baroque, sinon prétentieux dans la circonstance). —en faisant place donc à d’autres écoles qui répondront mieux aux besoins variés de notre éducation. La réforme du programme ouvre une issue des plus favorables à cette innovation qui s’impose. Que tous ceux-là qui ont à cœur le progrès bien entendu de l’éducation s’unissent pour pousser dans cette voie, dussent-ils s’exposer à heurter une opinion mal formée, mais bien ancrée, et à recevoir quelques coups de matraque : le bien se fait à ce prix.

Que les bons Frères qui sont en cause ne m’accusent pas de les dénigrer, ni de déprécier leur enseignement. Il faut s’en prendre, non à eux, mais au système. Ils ont rendu des services inappréciables ; ils en rendent encore, en ouvrant et maintenant des écoles qui donnent un complément d’éducation aux enfants des écoles primaires, et en facilitant l’accès aux positions lucratives à un bon nombre d’enfants. Mais en se généralisant trop, en accentuant de plus en plus son caractère spécial, ce système est devenu encombrant. Il ne répond plus suffisamment aux fins de l’éducation de notre époque, et compromet le caractère qu’il faut conserver à notre enseignement. On ne demande pas aux Frères de supprimer leurs écoles, ni de disparaître de l’enseignement ; on leur ouvre de nouveaux horizons, on veut les introduire dans de nouveaux champs où