Page:Allumez vos lampes, s'il vous plaît, 1921.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 26 —

le plus grand nombre des écoles de Frères. Dans les autres écoles où la plupart se sont annexé un pensionnat, il n’y a pas plus de 3 à 4 pour cent des élèves qui sont fils de cultivateurs ; la presque totalité des enfants qui les fréquentent viennent des villages, des villes ou des États-Unis. Puis tous ne font pas un cours commercial, loin de là. Généralement les élèves des villages apprennent un métier ou deviennent commis après quatre ou cinq années d’école ; pas besoin d’un cours commercial ou classique pour cela, pas plus que pour être typographe ou imprimeur. De meilleurs positions dans les bureaux ne manquent pas aux jeunes finissants des classes d’affaires, d’ailleurs fort peu nombreux ; ils ne sont pas, pour autant, des êtres hybrides, et ne cessent pas de se montrer de vrais Canadiens français. Pour s’en convaincre il n’y a qu’à consulter les listes de souscription en faveur d’œuvres nationales et voir d’où vient la plus grande partie de ce vil métal dont on a si grand besoin à notre époque.

Ceux des villes retournent dans leur foyer après avoir appris un peu de ce qu’il leur faut pour gagner leur vie honorablement sans végéter. Libre à eux de poursuivre leurs études dans des écoles spéciales de leur choix ou d’apprendre un métier. Ils seront toujours peu nombreux ceux de la classe urbaine qui voudront se diriger vers une école d’agriculture ; il leur faudrait d’abord un lopin de terre ; et pour l’acquérir, comme l’héritage n’est pas toujours satisfaisant parce que nos familles sont généralement très nombreuses, qui leur en fournira les moyens ? Je ne crois pas que le gouvernement ni aucune société soient disposés à leur en concéder gratuitement.

Le nombre de fils de cultivateurs qui font un cours commercial dans les écoles des Frères est si minime qu’il ne vaut guère la peine d’en parler. Il serait infiniment mieux de se renseigner « de visu » pour en causer pertinemment.

Les écoles spéciales qu’on parle de créer — outre celles qui existent déjà, surtout dans les villes — où seront-elles situées ? Comment les enfants de familles ouvrières vont-ils y arriver ? Il est bien à supposer qu’on ne pourra pas en établir de toutes les catégories, dans chaque centre rural ; une seule pourra fonctionner au même endroit. Ceux qui se destinent à la carrière ainsi favorisée s’en trouveront bien ; mais les autres, que feront-ils ? Ils compteront sur la Providence sans doute ? ou bien ils seront « forcément orientés vers une carrière qui ne sera pas la leur ? » Ils feront alors comme par le passé et leur sort ne sera pas amélioré.

En nous servant à peu près des propres termes de l’auteur des articles, il faudrait dire :

Voilà le fait qu’il faut étudier afin de savoir décharger le programme, sans innover. L’anglais, matière secondaire, doit être enseigné comme tel, il est vrai, mais qu’il y reste. L’orientation est loin alors d’être une direction vers la carrière commerciale. Une réaction veut s’imposer : on entend