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le contraire de cette légende qu’on s’efforce de répandre par toute la province. À plus forte raison à l’époque imprécise dont parle le directeur de « La Rente », ces écoles, moins nombreuses, ne pouvaient-elles décimer la classe agricole plus qu’elles ne le font aujourd’hui.

Enfin, M. Asselin nous dit que l’affaiblissement de la culture française, troisième cause de l’état de choses qu’il déplore, vient de ce que l’enseignement français a été insuffisant à tous les degrés et de ce que l’on fait usage de l’anglais comme langue d’enseignement, dans les écoles. Il n’y aurait donc pas que les Frères responsables de cet affaiblissement de la culture française. Alors, pourquoi M. Asselin veut-il que les Frères seuls servent de boucs émissaires ? Il est faux que la langue anglaise soit la langue de l’enseignement. Cet enseignement est à base française dans les écoles des Frères, sauf peut-être une ou deux exceptions et pour un ou deux spécialités seulement ; ce qui n’autorise pas à généraliser. De plus, l’esprit qui règne dans ces écoles est tout aussi français qu’à l’École des Hautes Études, où M. Asselin a niché son idéal.

M. Asselin trouve que le manque de culture française est dû, pour une large part, aux écoles qu’il appelle commerciales. Il flétrit en haut de l’échelle sociale les dirigeants « impuissants à motiver un jugement, à établir un rapport, à analyser un bilan, à faire quoi que ce soit “clairement, logiquement, fortement”, se dépensant en rhétorique, flottant entre des solutions illusoires, enfantines ou contradictoires. » M. le journaliste est abondant. Parlerait-il d’expérience personnelle ? Mais cette classe dite supérieure a été formée ailleurs qu’aux écoles des Frères. Si ces dirigeants ne dirigent rien, la cause en est à leur mauvaise formation ou à leur apathie. Je ne vois pas ce que les Frères “vertueux” ont à faire là-dedans, à moins qu’on ne veuille signaler qu’ils contrebalancent par leur activité et leur valeur éducative réelle quoique méprisée, les inepties dirigeantes que M. Asselin étale au grand jour.

Il dit que les “vertueux Frères” sont en même temps bornés, illettrés. Mais, qu’en sait-il ? Aurait-il reçu de Rome un bref le nommant supérieur général des congrégations enseignantes en ce pays ? Quand a-t-il fait sa tournée d’enquête ? Pèse-t-il les esprits aussi légèrement que ses paroles ? Dans toute la province on réclame ces instituteurs. N’y aurait-il que M. Asselin de clairvoyant dans tout ce public ? À chaque poste convient un degré de science suffisant, ce qui n’implique pas d’être un génie. Mais, M. Asselin attend depuis longtemps neuf hommes « d’instruction solide et vaste, capables de ramasser d’un coup d’œil toutes les données du problème » pour s’unir à lui et marcher « à la conquête de l’industrie et du commerce. »

Il reproche aux Frères de vivre loin du siècle. C’est vrai ; mais, par suite de leurs fonctions, les Frères n’ignorent pas tout ce qui se passe