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auraient donc soustrait cette mission, et M. Asselin veut sans doute remettre les choses en place. Mais, oserait-il confier cette direction à ceux, qui, comme il nous oblige à le supposer, auraient été trop faibles pour la garder ? D’ailleurs, les membres de ce Conseil appartiennent à notre classe dirigeante qui, selon M. Asselin, est « incapable de faire quoi que ce soit logiquement. » Non, M. Asselin dans un excès de zèle se sermonne lui-même. Voudrait-il ajouter à toutes ses fonctions celle de précepteur de la race ? Alors, secondé par neuf sous-maîtres de génie, comme tout marcherait ! Plus d’aboulie, de fricotage, de surcharge, plus de commerce de coin de rue, de laveurs de crachoirs, de machines à compter, plus de poussée bovine ni de maigre pâture ; plus d’abâtardissement, d’aveulissement, de dépérissement intellectuel. O Paradis ! ô règne d’or !…

En attendant, contemplons ce tableau : la barque de la province emportant aux abîmes un chargement de têtes vides sur lequel trône M. Asselin. D’un aviron trop court, il essaie de remonter le courant, en appelant le génie au secours de son bras. M. Asselin devrait bien nous dire ce qu’il fera s’il parvient à détourner la race des abîmes et à en prendre la direction. Comme pour l’anglais, prendra-t-il le pic pour tout détruire hardiment, alléguant qu’il sera toujours temps d’organiser, sur une base intelligente ? Quelle sagesse !

Voyons, M. Asselin, contenez-vous, on a assez de mal à bâtir, ne démolissons rien ; perfectionnons ce qui existe. Vous travaillerez alors de concert avec ces Frères vertueux qui s’efforcent de comprendre toujours davantage les besoins actuels de la race et de réaliser ce qui peut lui venir en aide. Ne dites pas que ces maîtres affaiblissent la culture ; leur œuvre jalousée parle trop en leur faveur. Si le tronc naguère vigoureux de la race a eu du dessèchement, les Frères, par l’instruction qu’ils répandent, par l’éducation chrétienne et patriotique qu’ils transmettent, contribuent à rendre à l’arbre national un regain de sa primitive vigueur.

J.-A. Drolet.    
ancien instituteur.