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Comment concilier ces affirmations avec les paroles de M. Jean-Charles Magnan en 1916 : « Depuis que le personnel enseignant s’occupe activement dans nos écoles à faire aimer et respecter l’agriculture, à enseigner les notions générales et à ruraliser l’enseignement, on constate que la jeunesse aime la profession agricole et l’apprécie de plus en plus. Ainsi, plusieurs enfants, qui ont connu à l’école les avantages de l’agriculture sont restés attachés à la terre. »

Bien que, suivant M. Magnan « l’école primaire ne soit pas une école d’agriculture et que ce serait faire fausse route que de lui faire jouer ce rôle, » les Frères enseignants, qui tiennent ces prétendues académies commerciales, ont fondé dans un grand nombre de pays des écoles d’agriculture, il y a longtemps, bien avant Paul-Henri. Ils ont d’excellents manuels sur l’art agricole. À ma connaissance, ils ont même essayé de fonder une école d’agriculture, au plein sens du mot, à St. Grégoire. Une pétition signée par presque tous les habitants de la paroisse fut adressée à la Législature pour réaliser ce projet. La réponse fut que l’heure n’était pas encore venue pour cette sorte d’entreprise. Nul doute que des efforts analogues furent tentés dans d’autres endroits. Pour développer le goût de l’agriculture chez les élèves, des jardins scolaires furent établis dans les écoles dites commerciales de Nicolet, St-Casimir, St-Raymond, Lac-Mégantic, St-Augustin, Sainte-Anne-de-la-Pérade, Yamachiche, St-Ferdinand, St-Georges-de-Beauce, Ste-Anne-de-Beaupré, et ailleurs, voire même dans Québec où, durant la guerre, un grand nombre d’élèves de l’école St-Jean-Baptiste ont fait des expériences agricoles sur un terrain à proximité de la ville. Un agronome dirigeait les élèves dans leurs travaux. En 1915, on comptait 710 jardins scolaires dans la province de Québec et 18,000 élèves jardiniers. Ce nombre n’a pas diminué puisque d’après le dernier annuaire statistique il y a actuellement 945 jardins scolaires et 22,761 élèves jardiniers. M. J.-C. Magnan a pu dire : « Au cours de mes visites, j’ai vu à l’œuvre les Frères des académies rurales. L’œuvre des jardins scolaires a été comprise par le personnel enseignant. »

Paul-Henri ajoute que « là, les vocations d’« habitants » se perdent. » Pourrait-il nous dire le nombre des fils d’« habitants » qui fréquentent ces écoles ? Connaît-il les statistiques ? Si de telles vocations se perdent dans ces écoles, ne s’en perd-il pas ailleurs où certaines institutions, ni commerciales ni agricoles, regorgent d’enfants de la campagne, fils d’« habitants » ?

Il aurait été surprenant que Paul-Henri, du fond de son cabinet, n’eût pas fait un peu de sentimentalité sur la vénérable agriculture. En effet, il déclame : « Ce n’est pas une facile besogne que de tracer dans le sol un sillon bien droit et suffisamment profond : il y faut du coup d’œil et de l’intelligence comme dans toute autre carrière… Rien