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Quant aux effets préjudiciables que pourrait, produire l’enseignement adéquat de l’anglais à nos enfants, lequel, devrait conserver le plus solide attachement à la langue française, de l’enfant qui possédant, aussi l’anglais, pourra chérir sa langue maternelle et sera aidé par l’autre dans la vie, ou de celui qui, ne connaissant que le français, découvrira que, dans les conditions qui existent en notre pays, le français ne suffit pas à lui obtenir la place qu’il convoite dans la communauté ?


« LA REVUE MODERNE » (Madeleine), 15 novembre 1920


L’ignorance de l’anglais nous est-elle permise ? Respect d’un souci patriotique. — L’enfant bénéficie des leçons qu’on songe à lui disputer. — « Qu’aurais-je fait dans la vie si je n’avais appris l’anglais ? » — Une suprême maladresse. Manifestations du miracle français. — N’ayons pas des âmes de vaincus.


La question de l’enseignement de l’anglais dans les classes primaires vient d’être remise sur le tapis. Des articles ont donné lieu à de vives protestations, et plusieurs ont répété avec M. Athanase David cette exclamation si sincère : « J’ai trop souffert de ne pas savoir l’anglais »… Les Frères des Écoles Chrétiennes, qui ont dirigé l’enseignement commercial dans notre province depuis nombre d’années et qui ont mis l’anglais au programme de leurs études, sachant trop bien quelle valeur cette langue incarne pour l’avenir de nos enfants, se sont vus condamner de façon plutôt sévère, et ce à la profonde indignation de leurs élèves. De toutes les classes de la société, un cri unanime a jailli, condamnant ces théories surannées.

L’auteur de ces articles est sincèrement convaincu que l’enseignement de l’anglais dans les classes primaires, nuit à l’étude du français, et il voudrait que l’anglais ne fut appris que plus tard. Nous sentons que cette opinion est dictée par le plus pur patriotisme. Reste à juger si nous pouvons l’accepter sans danger pour l’avenir de nos enfants.

L’ignorance de l’anglais nous est-elle permise ?

Nous avons senti ce que nous perdions en le sachant trop peu ou trop mal. Aurons-nous le courage de condamner nos enfants à la médiocrité matérielle à laquelle notre ignorance de l’une des langues officielles du pays nous a trop souvent condamnés ? Pouvons-nous nommer un seul de nos hommes publics qui ait pu se passer de l’anglais ? Et jusqu’où