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cœur ; ils écrivent vaille que vaille des phrases dictées ; ne leur demandez pas une synthèse qui n’était pas faite dans leur manuel ; ne les mettez pas à l’épreuve sur une composition de leur cru.

Puis le vocabulaire ! Son imprécision se fait sentir même pendant les études classiques. L’orthographe, on sait comme on nous la gâche. Le mal n’est pas particulier à la province de Québec, c’est vrai. Quantité de travaux pédagogiques français, avec des titres significatifs, signalent « la crise » du français à l’école primaire. Partout on demande d’alléger les programmes pour donner, dans la petite école, plus de temps et d’attention aux exercices de pensée et de langage, langage parlé et langage écrit. « Une réforme utile doit partir des petites classes », a-t-on conclu. (Cf. Conférences de l’École des Hautes Études Sociales sur l’Enseignement du français : Paris, Alcan, 1911. La Crise des Méthodes dans l’Enseignement du français, G. Lanson).

Le programme récemment approuvé par le Comité catholique a voulu appliquer le remède en réservant le cours inférieur à cette première formation fondamentale. Que de cris cette disposition n’a-t-elle pas soulevés de la part de ceux qui croient sincèrement qu’on ne peut rien faire apprendre sans livre, même si l’élève ne sait pas encore lire ! On n’a échappé à ce danger que pour tomber dans un autre plus grave : l’introduction de la langue seconde qui va apporter de nouveaux moules, mêler les mots, vicier l’orthographe et retarder, d’autant la formation initiale.

Non ; ce qui manque à l’enfant qui passe de l’école primaire à l’école plus élevée, ce n’est pas la connaissance de l’anglais, c’est la connaissance de sa langue maternelle, c’est le pouvoir de saisir et de réfléchir. Le nouveau programme a voulu y remédier. La clause, introduite à la dernière heure, en encombrant le cours inférieur de l’enseignement d’une autre langue, suppose un principe qui détruit la raison d’être du travail accompli.

F.-X. Ross, ptre.

Le Devoir, 16 septembre 1920.
III
2. — l’introduction hâtive de l’anglais pose un principe qui sape
la base sur laquelle on a organisé le programme.

Les raisons qu’on a fait valoir pour précipiter l’enseignement de l’anglais, raisons que je trouve formulées en substance dans le mémoire d’un groupe de professeurs et de directeurs des écoles de Montréal, sapent à sa base le principe sur lequel on a édifié toute la réforme du programme.