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L’AVIATEUR INCONNU

recueilli l’attestation du capitaine de Jarcé, mais…

— Oh ! fit Elvire tout à coup.

— Quoi donc ?

— Rien, continue. Tu disais que M. de Jarcé !

— Oui, M. de Jarcé n’a pas essayé un instant de me déguiser la vérité. J’ai donc tout lieu de penser que l’Aviateur inconnu de naguère et Jean-Louis Vernal n’ont jamais fait qu’un… Néanmoins…

— Tu ne trouves pas, interrompit Mlle Bergemont, que le capitaine de Jarcé se fait bien désirer ? Il y a longtemps que nous ne l’avons vu.

Flossie, étonnée, la regarda.

— Pourquoi me dis-tu cela, Elvire ?

— Mais pour rien, une association d’idées, tu te rappelles que je l’ai invité à se joindre à nous hier soir. Je comptais recevoir un petit mot tout au moins pour exprimer son regret de ne pouvoir assister à la petite fête.

Et comme Flossie demeurait silencieuse, elle ajouta, d’un ton léger :

— Il est très pris, sans doute… ou bien, qui sait, il est sollicité par d’autres occupations plus captivantes. En ce cas, c’est toi qui aurais raison en ne discernant chez lui qu’un flirt passager à ton égard !

Ce disant elle appuyait sur sa petite tante un regard pénétrant et elle put constater que ses paroles ne laissaient pas de troubler la jolie Anglaise.

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L’inconvénient des pays restreints, c’est qu’il est impossible d’y garder longtemps pour soi les choses confidentielles. Si la joie y déborde aisément, les secrets, eux aussi, s’échappent vite… On se figure bien que l’histoire de la pancarte trouvée non loin de la villa Cypris n’avait pas tardé à courir les champs ; mais, ce qui avait amusé, quelques semaines plus tôt, commençait aujourd’hui, non seulement de ne plus intéresser le public, mais encore de lui fatiguer les nerfs. Les Pourvillais avaient assisté avec curiosité aux manifestations de l’Aviateur inconnu, puis s’étaient solidarisés avec les Bergemont, puis avaient accepté avec une satisfaction visible le dénouement si heureux de cette romanesque aventure. Mais à présent que tout semblait devoir se terminer par un mariage, comme dans les honnêtes comédies, les gens ne voulaient