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Si vous voulez vivre tranquilement dans le monde ;

Ne vous entremettez point avec vos ſupérieurs, ſoit d’écrit ou de parole ; car les Grands ont les mains longues ; et celui qui ſe familiariſe avec eux eſt ſemblable à un papillon, qui ſe brule les ailes à la chandelle et quelquefois s’y fait mourir. N’écoutez point les rapporteurs, et ne vous mêlez point des querelles des autres.



BONS MOTS.


Deux amis, qui depuis longtems ne s’etoient point vus, ſe rencontrerent par hazard. Comment te portes-tu, dit l’un ? Pas trop bien, dit l’autre ; et je me ſuis marié depuis que je t’ai vu — Bonne nouvelle ! — Pas tout-à-fait, car j’ai épouſé une méchante femme — Tant pis ! Pas trop tant pis, car ſa dot etoit de deux mille louis — Eh-bien, cela conſole : — Pas abſolument, car j’ai emploïé cette ſomme en moutons, qui ſont tous morts de la Clavelée. — Cela eſt en vérité bien fâcheux ! Pas ſi fâcheux, car la vente de leurs peaux m’a rapporté au-delà du prix des moutons. En ce cas vous voilà donc indemniſé ? Pas tout-à-fait, car ma maiſon où j’avois dépoſé mon argent vient d’être conſumée par les flammes. Oh ! voilà un grand malheur — pas ſi grand non plus, car ma femme et la maiſon ont brulé enſemble.

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Un Domeſtique court tout effraïé dans le cabinet du ſavant Bude, lui dire que le feu eſt à la maiſon. Eh-bien, lui répondit-il, avertiſſez ma femme. Vous ſavez bien que je ne me mêle pas du ménage.

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Un Prince défiroit d’avoir le portrait d’une femme qui etoit très belle. Le Mari ne voulut jamais y conſentir. Si je lui donne la copie, diſoit ce mari prudent, il voudra enſuite avoir l’original.