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Page:Almanach des muses - 1772.djvu/145

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LA FAUVETTE.

ROMANCE.

Cœurs ſenſibles, cœurs fidèles,
qui blâmez l’amour léger,
ceſſez vos plaintes cruelles :
eſt-ce un crime de changer ?
ſi l’Amour porte des ailes,
n’eſt-ce pas pour voltiger ?

Le Papillon, de la Roſe,
reçoit le premier ſoupir ;
le ſoir un peu plus écloſe,
elle écoute le Zéphir :
jouir de la même choſe,
c’eſt enfin ne plus jouir.

Apprenez de ma Fauvette
qu’on ſe doit au changement ;
par ennui d’être ſeulette,
elle eut Moineau pour amant :
c’eſt sûrement être adraite,
& ſe pourvoir joliment.

Mais Moineau ſera-t-il ſage ?
voilà Fauvette en ſouci ;
s’il changeoit, dieux ! quel dommage !