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Page:Almanach des muses - 1812.djvu/18

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Dont le front toujours pâle, armé de feux sinistres,
Semble menacer l’ordre établi dans les cieux :

Tels passent, enivrés de sanglantes chimères,
Ces fougueux conquérans, puissances éphémères,
Produites pour détruire on punir les états ;
La haine, après leur mort, s’attache à leur mémoire :
Que reste-t-il d’eux ? rien : tous leurs titres de gloire
Sont dans de grands malheurs et de grands attentats.

Mais quand l’esprit d’erreur, la faiblesse et le crime
Ont, par degrés, conduit sur les bords de l’abime
Un empire déjà ravagé par le temps ;
S’il s’élève aussitôt un souverain génie
Qui verse dans son sein de longs torrens de vie,
Et l’arrête, affermi sur ses vieux fondemens :

Si sa main en saisit les rênes délaissées ;
Si le succès toujours couronnant ses pensées,
Il fixe l’harmonie où régnait le chaos ;
S’il enchaîne le cours des publiques misères,
Et qu’il sache, à son gré, des factions contraires
Émouvoir, aplanir et balancer les flots :

Si, dans l’art des combats, sans rival et sans maître,
On voit, à son nom seul, s’enfuir et disparaître
Les peuples contre lui soulevés par leurs rois ;
S’il est moins un héros sur le char de la guerre,
Qu’un grand législateur qui visite la terre.
Pour en renouveler les trônes et les lois :