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Page:Almanach des muses - 1812.djvu/210

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Il recevra mon compliment ;
J’irai, dans sa retraite obscure,
Lui présenter mes tendres vœux,
Et bénir en son coin poudreux
Cette rare progéniture
Née en des temps si malheureux.
Par le fait seul de sa naissance,
Coupable, en bonne conscience,
Du bavardage originel ;
N’ayant, pour toute jouissance,
Que le sourire paternel ;
Dévouée aux tristes injures,
Aux malignes joyeusetés
D’un peuple amoureux de brochures.
De chansons et de nouveautés ;
Pour éviter toute querelle,
Il n’est, devant un pareil Dieu,
De salut bien certain pour elle,
Que dans le baptême de feu.
Victime de la destinée,
Avec un si riche dépôt
D’érudition surannée,
Pourquoi n’est-elle donc pas née
Trois ou quatre siècles plutôt ?
Qu’heureux eût été son partage
Dans ces temps de fécondité,
Où Scriblerius et Ménage
Prenaient de l’immortalité
La route avec ce gros bagage !
Hélas ! qu’êtes-vous devenus,