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Page:Almanach du Père Peinard, 1896.djvu/28

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ment. On les laissa faire ! La grande culture fut donc réservée aux gros domaines des richards et des couvents évanouis. Là, des paysans à la hauteur mirent en pratique les machines agricoles, les engrais chimiques et autres fourbis. Le résultat fut splendide : grosses récoltes avec peu de turbin.

L’exemple amadoua les voisins et, d’eux-mêmes, ils demandèrent à ajouter leurs lopins aux terres communales.

Y a encore quelques grognons qui restent parqués sur leurs maigres lopins, mais comme ils ne gênent personne et que personne ne veut porter atteinte à leur liberté, on les laisse bibelotter à leur guise.

Ce qui est galbeux, c’est quand vient la saison des grandes récoltes, de la fenaison, de la moisson, des vendanges. Dans ces moments, les bons bougres des villes émigrent en caravane à la campagne, histoire de donner un coup de main aux paysans, et aussi de se mettre au vert.

Grâce aux faneuses, aux moissonneuses et aux batteuses, tant électriques qu’à vapeur, le turbin autrefois si rude de la fenaison et de la moisson s’accomplit en douce : c’est une jubilation générale et une occase de fêtes.

De même pour les vendanges : y a de l’entrain, c’est des rigolades à n’en plus finir… Copains et copines se barbouillent le museau de raisin et se becquottent avec amour.

Dans les mines, de même que partout, l’amélioration est faramineuse : les galeries sont larges et aérées, les mineurs ne font plus concurrence aux taupes, à gratter à plat ventre ou sur le dos, toujours risquant les coups de grisou. Des machines perforeuses arrachent le charbon, d’autres le chargent sur les bennes et les mineurs ne sont là que pour surveiller les esclaves mécaniques.

Dans les hauts-fourneaux, de même que dans les verreries, grâce à l’électricité, on fond les métaux et le verre sans que les ouvriers qui s’occupent de ce turbin soient cuits par la chaleur. Grâce à de chouettes binaises, tout s’accomplit sans grands fracas ni esquintements pour les travailleurs.

Plus que tout ça encore, sont belles à voir les colossales entreprises qui exigent l’activité de milliers et de milliers d’hommes : constructions de chemins de fer, creusements de canaux ou autres fourbis gigantesques.

Des gas à la hauteur ont mis la chose en train, ont fait de la propagande autour de leur idée, par des conférences ou des publications distribuées gratuitement. Puis, quand l’approbation leur vient, on passe à la mise en pratique : de tous côtés, les chemins de fer amènent des volontaires, des victuailles et des maté-