ÉCLIPSES POUR 1897
Cette année-ci, y aura purée d’éclipses.
Si seulement il pouvait y avoir éclipse de purée !
Voilà qui serait bath aux pommes !
Hélas ! j’ai bougrement le trac que, grâce à notre gnolerie, le chapelet aussi régulier que dégueulasse des cochonnes d’éclipses sociales, bougrement pénibles au pauvre monde, continue à nous emmistoufler.
Ainsi, tandis que les capitalos seront assez marioles pour éclipser la belle galette que notre travail fera abonder dans leurs coffres-forts, les biftecks, le petit bleu et les frusques potables continueront à s’éclipser de notre présence.
Et y aura pas que ça d’éclipses !
Notre garce de souveraineté s’étant éclipsée au fond des tinettes électorales, les bouffe-galette qui en ont hérité ne se priveront pas d’éclipser leurs programmes : toutes leurs promesses s’évanouiront plus vite qu’une étoile filante.
La litanie de ces sacrées éclipses qui dégoulineront sur le coin de la gueule du populo serait plus longue qu’un jour sans pain. Donc, venons-en, illico, aux éclipses de mamzelle Nature :
Le Soleil nous servira deux éclipses :
La première aura lieu le 1er février ; le spectacle sera galbeux à reluquer car la lune se posera devant le soleil de telle façon qu’au meilleur moment de l’éclipse notre grand bec de gaz ressemblera à un anneau d’or.
Seulement, en Europe, on pourra se taper pour voir le tableau. Y a guère que ceux qui perchent dans l’Amérique du Sud et l’Australie qui y verront quelque chose.
Même tabac pour une autre éclipse du soleil qui sera kif-kif bourriquot, annulaire aussi : elle aura lieu le 29 juillet. Il faudra être dans les Amériques ou bien au Gabon pour reluquer le fourbi.
Pour ce qui est des éclipses de Lune — peau de balle et balai de crin. On en sera privé cette année !
Par contre, les banquiers, les notaires, les caissiers et tous les tripatouilleurs de braise continueront leurs sales mic-macs : ils ne se lasseront pas de faire des trous dans la lune et s’éclipseront après.
LES GRANDES MARÉES
Le bouillon salé qui mijote dans la grande tasse s’agite, — et il paraît que c’est mamzelle la Lune qui le mène.
Tous les jours, matin et soir, avec une sacrée régularité, la mer se gonfle et se dégonfle, — elle respire ou, si vous préférez, elle soupire.
Dans nos ports, les plus grandes marées suivent d’un jour et demi la nouvelle et la pleine lune. Ainsi, les plus gros gonflements de ballon que l’Océan se payera en 1897 seront les marées du 17 février, du 18 mars, du 17 avril, du 16 mai, du 28 août, du 26 septembre, du 25 octobre et du 24 novembre.
