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Si donc l’occasion a cette abondance, il faut que l’artiste éprouve comme une répugnance ou tout au moins une timidité à en profiter. Et c’est bien cela, sans aucun doute ; il y a là une modalité d’un instinct plus général qui paralyse l’art moderne : la peur de la forme, la peur de la silhouette. Il semble que tout contour accusé soit un péril, qu’il se trouve engendré par la netteté de la ligne ou par des oppositions de coloris. Pendant des années a triomphé la recherche du flou. Et si, plus récemment, une réaction s’est esquissée, elle n’a encore pour représentants qu’une avant-garde de maniaques ou de détraqués que la poursuite d’un « m’as-tu vuisme » malsain incite assurément, bien plutôt que le souci du progrès.

Il n’est pas possible cependant que les véritables amants de l’art ne se laissent pas bientôt entraîner dans une voie féconde. Et la chose se fera sitôt qu’une fausse pudeur ne les retiendra pas de prendre des croquis, de noter des attitudes et des mouvements sur le champ de jeu et sur la berge, au gymnase comme à la salle d’armes, partout où l’exercice intensif voit son culte célébré par des jeunes gens passionnés et ne se ménageant pas.

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