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LIN

sables, où le soleil dessèche promptement ses racines et où l’aridité du sol ne lui permet de vivre qu’une seule année. »

Lorsque des formes ou des états physiologiques passent de l’un à l’autre et se distinguent par des caractères variables selon les circonstances extérieures, on est conduit à les considérer comme constituant une seule espèce, quoique ces formes ou états aient un certain degré d’hérédité et remontent peut-être à des temps très anciens. Nous sommes cependant obligés, dans des recherches sur les origines, de les considérer séparément. J’indiquerai d’abord dans quels pays on a trouvé chaque forme à l’état spontané ou quasi spontané. Ensuite je parlerai des cultures, et nous verrons jusqu’à quel point les faits géographiques ou historiques confirment l’opinion de l’unité d’espèce.

Le Lin annuel ordinaire n’a pas encore été trouvé dans un état spontané parfaitement certain. Je possède plusieurs échantillons de l’Inde, et M. Planchon en avait vu d’autres dans les herbiers de Kew, mais les botanistes anglo-indiens n’admettent pas que la plante soit indigène dans leur région. La flore récente de sir Joseph Hooker en parle comme d’une espèce cultivée, principalement pour l’huile qu’on tire des graines, et M. G.-B. Clarke, ancien directeur du jardin de Calcutta, m’écrit que les échantillons récoltés doivent venir des cultures, très fréquentes en hiver, dans le nord de l’Inde. M. Boissier[1] mentionne un L. humile à feuilles étroites, que Kotschy a récolté « près de Schiraz, en Perse, au pied de la montagne Sabst Buchom. » Voilà peut-être une localité bien en dehors des cultures, mais je ne puis donner à cet égard des informations suffisantes. Hohenacker a trouvé le L. usitatissimum « subspontané » dans la province de Talysch, au sud du Caucase, vers la mer Caspienne[2]. Steven est plus affirmatif pour la Russie méridionale[3]. Selon lui, le L. usitatissimum « se trouve assez souvent sur les collines stériles de la Crimée méridionale, entre Jalta et Nikita, et le professeur Nordmann l’a récolté sur la côte orientale de la mer Noire. » En avançant vers l’ouest dans la Russie méridionale ou la région de la mer Méditerranée, on ne cite plus l’espèce que rarement et comme échappée des cultures ou quasi spontanée. Malgré ces doutes et la rareté des documents, je regarde comme très possible que le lin annuel, sous l’une ou l’autre de ses deux formes, soit spontané dans la région qui s’étend de la Perse méridionale à la Grimée, au moins dans certaines localités.

Le Lin d’hiver est connu seulement comme cultivé, dans quelques provinces d’Italie[4].

  1. Boissier, Flora orient., 1, p. 851. C’est le L. usitatissimum de Kotschy, n° 164.
  2. Boissier, ibid. ; Hohenh., Enum. Talysch, p. 168.
  3. Steven, Verzeichniss der auf der taurischen Halbinseln wildwachsenden Pflanzen, Moscou, 1857, p. 91.
  4. Heer, Ub. d. Flachs, p. 17 et 22.