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Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/120

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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES

cette plante est rarement indiquée en Amérique. Je note cependant que, d’après Grisebach[1], elle a amené à la Jamaïque une naturalisation hors des jardins, comme cela se présente souvent pour les plantes annuelles cultivées.

Sumac. — Rhus Coriaria, Linné.

On cultive cet arbuste en Espagne et en Italie[2], pour faire sécher les jeunes branches, avec les feuilles, et en faire une poudre, qui se vend aux tanneurs. J’en ai vu naguère une plantation en Sicile, dont les produits s’exportaient en Amérique. Comme les écorces de chêne deviennent plus rares et qu’on recherche beaucoup les matières tannantes, il est probable que cette culture s’étendra ; d’autant plus qu’elle convient aux localités sèches et stériles. En Algérie, en Australie, au Cap, dans la république Argentine, ce serait peut-être une introduction à essayer[3].

Les anciens se servaient des fruits comme assaisonnement, un peu acide, de leurs mets, et l’usage s’en est conservé çà et là ; mais je ne vois pas de preuve qu’ils aient cultivé l’espèce.

Elle croit spontanément aux Canaries et à Madère, dans la région de la mer Méditerranée et de la mer Noire, de préférence sur les rocailles et dans les terrains desséchés. En Asie, son habitation s’étend jusqu’au midi du Caucase, à la mer Caspienne et la Perse[4]. L’espèce est assez commune pour qu’on ait commencé à l’employer avant de la cultiver. Sumach est le nom persan et tartare[5], Rous, Rhus (prononcez Rhous) l’ancien nom chez les Grecs et les Romains[6]. Une preuve de la persistance de certains noms vulgaires est qu’en français on dit le Roux ou Roure des corroyeurs.

Cat. — Catha edulis, Porskal. — Celastrus edulis, Vahl.

Cet arbuste, de la famille des Célastracées, est cultivé beaucoup en Abyssinie, sous le nom de Tchut ou Tchat, et dans l’Arabie Heureuse sous celui de Cat ou Gat. On mâche ses feuilles, à l’état frais, comme celles du Coca en Amérique. Elles ont les mêmes propriétés excitantes et fortifiantes. Celles des pieds non cultivés ont un goût plus fort et peuvent même enivrer. Botta a vu dans le Yemen des cultures de Cat aussi impor-

  1. Grisebach, Flora of british India, p. 97.
  2. Bosc, Dictionn. d’agric., au mot Sumac.
  3. Les conditions et procédés de culture du Sumac ont fait l’objet d’un mémoire important de M. Inzenga, traduit dans le Bulletin de la Société d’acclimatation de février 1877. Dans les Transactions of the bot. Soc. of Edinburgh, 9, p. 341, on peut voir l’extrait d’un premier mémoire de l’auteur sur le même sujet.
  4. Ledebour, Fl. ross., 1, p. 509 ; Boissier, Fl. orient., 2, p. 4.
  5. Nemnich, Polygl. Lextcon, 2, p. 1156 ; Ainslie, Mat. med. ind., 1, p. 414.
  6. Fraas, Syn. fl. class., p. 85.