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PÊCHER

chers spontanés. Ainsi, le Ckou-y-ki, d’après l’auteur cité précédemment, porte : « Quiconque mange des pêches de la montagne de Kouoliou obtient une vie éternelle. » Pour le Japon, Thunberg[1] dit ; « Crescit ubique vulgaris, præcipue juxta Nagasaki. In omni horto colitur ob elegantiam florum. » Il semble, d’après ce passage, que l’espèce croît hors des jardins et dans les jardins : mais peut-être il s’agit seulement, dans le premier cas, de Pêchers cultivés en plein vent.

« Je n’ai rien dit encore de la distinction à établir entre les différentes variétés ou espèces de Pêchers. C’est que la plupart sont cultivées dans tous les pays, du moins les catégories bien tranchées que l’on pourrait considérer comme des espèces botaniques. Ainsi la grande distinction des pêches velues et des pèches lisses, sur laquelle on a proposé deux espèces (Persica vulgaris, Mill, et P. lævis, D C.) se trouve au Japon[2] et en Europe, ainsi que dans la plupart des pays intermédiaires[3]. On accorde moins d’importance aux distinctions fondées sur l’adhérence ou non-adhérence de la peau superficielle, sur la couleur blanche, jaune ou rouge de la chair, et sur la forme générale du fruit. Les deux grandes catégories de pêches, velues et lisses, offrent la plupart de ces modifications, et cela en Europe, dans l’Asie occidentale et probablement en Chine. Il est certain que dans ce dernier pays la forme varie plus qu’ailleurs, car on y voit, comme en Europe, des pèches allongées, et de plus des pêches dont je parlais tout à l’heure, qui sont entièrement déprimées, où le sommet du noyau n’est pas même recouvert de chair[4]. La couleur y varie aussi beaucoup[5]. En Europe, les variétés les plus distinctes, en particulier les pêches lisses et velues, à noyau adhérent ou non adhérent, existaient déjà il y a trois siècles, car J. Bauhin les énumère avec beaucoup de clarté[6], et avant lui Dalechamp, en 1587, indiquait aussi les principales[7]. À cette époque, les pêches lisses étaient appelées Nucipersica, à cause de leur ressemblance de forme, de grosseur et de couleur avec le fruit du Noyer. C’est dans le même sens que les Italiens les appellent encore Pescanoce.

« J’ai cherché inutilement la preuve que cette pêche lisse existât chez les anciens Romains. Pline[8], qui mélange dans sa compilation des Pêchers, des Pruniers, le Laurus Persea et d’autres arbres peut-être, ne dit rien qui puisse s’entendre d’un

  1. Thunberg, Fl. Jap., p. 199.
  2. Thunberg, Fl. Jap., p. 199.
  3. Les relations sur la Chine, que j’ai consultées, ne parlent pas de la pêche lisse ; mais, comme elle existe au Japon, il est infiniment probable qu’elle est aussi en Chine.
  4. Noisette, l. c. ; Trans. Soc. hort., IV, p. 512, tab. 19.
  5. Lindley, Trans. hort. Soc., V, p. 122.
  6. J. Bauhin, Hist., 4, p. 162 et 163.
  7. Dalechamp, Hist., 1, p. 295.
  8. Pline, l. XV, ch. 12 et 13.