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GRENADIER

plante sauvage est Armud, qui vient de l’arménien Armuda[1]. Les Grecs avaient greffé sur une variété commune, Strution, une qualité supérieure venant de Cydon, dans l’île de Crète, d’où est venu le nom de χυδωνιον (kudônion), traduit par Malum cotoneum des Latins, par Cydonia et tous les noms européens tels que Codogno en italien, Coudougner et plus tard Coing en français, Quitte en allemand, etc. Il y a des noms polonais, Pigwa, slave, Tunja[2], et albanais (pélasge ? ) Ftua[3], qui diffèrent totalement des autres. Cette variété de noms fait présumer une connaissance ancienne de l’espèce à l’ouest de sa patrie originelle, et le nom albanais peut même indiquer une existence antérieure aux Hellènes.

Pour la Grèce, l’ancienneté résulte aussi des superstitions, mentionnées par Pline et Plutarque, que le fruit du Cognassier éloignait les mauvaises influences, et de ce qu’il entrait dans les rites du mariage prescrits par Solon. Quelques auteurs ont été jusqu’à soutenir que la pomme disputée par Junon, Vénus et Minerve était un coing. Les personnes que ces questions peuvent intéresser trouveront des indications détaillées dans le mémoire de M. Comès sur les végétaux figurés dans les peintures de Pompeia[4]. Le Cognassier y est représenté deux fois. Ce n’est pas surprenant puisque cet arbre était déjà connu du temps de Caton[5].

La probabilité me paraît être une naturalisation dans l’Europe orientale avant l’époque de la guerre de Troie.

Le coing est un fruit que la culture a peu modifié. Il est aussi acerbe et acide à l’état frais que du temps des anciens Grecs.

Grenadier. — Punica Granatum, Linné.

Le Grenadier est sauvage dans les endroits rocailleux de la Perse, du Kurdistan, de l’Afghanistan et du Béloutchistan[6]. Burnes en a vu des bois entiers dans le Mazanderan, au midi de la mer Caspienne[7]. Il parait également spontané au midi du Caucase[8]. Vers l’ouest, c’est-à-dire dans l’Asie Mineure, la Grèce, en général dans la région de la mer Méditerranée, dans l’Afrique septentrionale et à Madère, l’apparence est plutôt que l’espèce se serait naturalisée à la suite des cultures et de la dispersion des pépins par les oiseaux. Beaucoup de flores du midi de l’Europe en parient comme d’une espèce « subspontanée »

  1. Nemnich, Polygl. Lexicon.
  2. Nemnich, l. c.
  3. De Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 64.
  4. In-4° Napoli, 1879.
  5. Cato, De re rustica, 7, c. 2.
  6. Boissier, Fl. orient., 2, p. 737 ; sir Joseph Hooker, Fl. of british India, 2, p. 581.
  7. Cité d’après Royle, Ill. Himal., p. 208.
  8. Ledebour, Fl. rossica, 2, p. 104.