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GOYAVIER

Le Jambosier de Malacca est spontané dans les forêts de l’archipel asiatique et de la presqu’île de Malacca[1].

D’après Tussac, il a été apporté de Taïti à la Jamaïque en 1793. Maintenant il s’est répandu et naturalisé dans plusieurs des îles Antilles, de même qu’aux îles Maurice et Seychelles[2].

Goyavier. — Psidium Guayava, Raddi.

Les anciens auteurs, Linné et après lui quelques botanistes ont admis deux espèces dans cet arbre fruitier de la famille des Myrtacées, l’une ayant les fruits ellipsoïdes ou sphériques à chair rouge, Psidium pomiferum ; l’autre à fruit pyriforme et chair blanche ou rosée, plus agréable au goût. De semblables diversités sont analogues à ce que nous voyons dans les poires, les pommes et les pêches ; aussi a-t-on soupçonné de bonne heure qu’il valait mieux considérer tous ces Psidium comme une seule espèce. Raddi a pour ainsi dire constaté l’unité lorsqu’il a vu, au Brésil, des fruits pyriformes et d’autres presque ronds sur le même arbre[3]. Aujourd’hui, la majorité des botanistes, surtout de ceux qui ont observé les Goyaviers dans les colonies, suit l’opinion de Raddi[4], vers laquelle j’inclinais déjà, en 1855, par des raisons tirées de la distribution géographique[5].

Low[6], qui a conservé dubitativement, dans sa flore de Madère, la distinction en deux espèces, assure que chacune se conserve par les graines. Ce sont, par conséquent, des races, comme dans nos animaux domestiques et dans beaucoup de plantes cultivées. Chacune de ces races comprend des variétés[7].

Les Goyaviers, lorsqu’on veut étudier leur origine, présentent au plus haut degré une difficulté qui existe dans beaucoup d’arbres fruitiers de cette nature : leurs fruits charnus, plus ou moins aromatiques, attirent les animaux omnivores, qui rejettent leurs graines dans les endroits les plus sauvages. Celles des Goyaviers germent rapidement et fructifient dès la troisième ou quatrième année. La patrie s’est donc étendue et s’étend encore par des naturalisations, principalement dans les contrées tropicales qui ne sont pas très chaudes et humides.

  1. Blume, Museum Lugd.-Bat., 1, p. 91 ; Miquel, Fl. Indiæ batavæ, 1, p. 411 ; Hooker, Fl. brit. India, 2, p. 412.
  2. Grisebach, Fl. of brit. W. India, p. 235 ; Baker, Fl. of Mauritius, p. 115.
  3. Raddi, Di alcune specie di Pero indiano, in-4, Bologna, 1821, p. 1.
  4. Martius, Syst. mat. medicæ bras., p. 32 ; Blume, Museum Lugd.-Bat., 1, p. 71 ; Hasskarl, dans Flora, 1844, p. 589 ; sir J. Hooker, Flora of brit. India, 2, p. 468.
  5. Géogr. bot. raisonnée, p. 893.
  6. Low, A manual flora of Madeira, p. 266.
  7. Voir Blume, l. c. ; Descourtilz, Flore médicale des Antilles, 2, p. 20, où se trouve une figure du Goyavier pyriforme ; Tussac, Flore des Antilles, 2, p. 92, qui contient une bonne planche de la forme arrondie. Ces deux derniers ouvrages renferment des détails intéressants sur la manière d’employer les goyaves, sur la végétation de l’espèce, etc.