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GOURDE, COUGOURDE, CALEBASSE

celle des fruits rouges. Ceci fait présumer une culture ancienne sur le continent. Hernandez[1] avait vu les deux formes spontanées au Mexique, dans les endroits chauds des plaines et des montagnes, près de Quauhnaci. Il donne une description et une figure très reconnaissable du Ps. pomiferum, Pison et Marcgraf[2] avaient aussi trouvé les deux Goyaviers sauvages au Brésil dans les plaines ; mais ils notent qu’ils se répandent facilement. Marcgraf dit qu’on les croyait originaires du Pérou, ou de l’Amérique septentrionale, ce qui peut s’entendre des Antilles ou du Mexique. Évidemment l’espèce était spontanée dans une grande partie du continent lors la découverte de l’Amérique. Si l’habitation a été une fois plus restreinte, il faut croire que c’était à une époque bien plus ancienne.

Les noms vulgaires différaient chez les peuples indigènes. Au Mexique, on disait Xalxocotl ; au Brésil, l’arbre s’appelait Araca-Iba et le fruit Araca-Guacu ; enfin le nom Guajavos ou Guajava est cité par Acosta et Hernandez à l’occasion des Goyaviers du Pérou et de Saint-Domingue, sans que l’origine en soit indiquée exactement. Cette diversité de noms confirme l’hypothèse d’une très ancienne et vaste habitation.

D’après ce que disent les premiers voyageurs. d’une origine étrangère à Saint-Domingue et au Brésil, — assertion dont il est permis cependant de douter, — je soupçonne que l’habitation la plus ancienne était du Mexique à la Colombie et au Pérou, et qu’elle s’est peut-être agrandie du côté du Brésil avant la découverte de l’Amérique, et dans les îles Antilles après cette époque. L’état de l’espèce le plus ancien, qui se montre le plus à l’état sauvage, serait la forme à fruit sphérique, âpre et fortement coloré. L’autre forme est peut-être un produit de la culture.

Gourde[3], Cougourde, Calebasse. — Lagenaria vulgaris, Seringe. — Cucurbita lagenaria, Linné.

Le fruit de cette Cucurbitacée a pris différentes formes dans les cultures ; mais, d’après l’ensemble des autres parties de la plante, les botanistes n’admettent qu’une espèce, divisée en plusieurs variétés[4]. Les plus remarquables sont la Gourde des pèlerins, en forme de bouteille ; la Cougourde, dont le goulot est allongé ; la Gourde massue ou trompette, et la Calebasse, ordinairement grande et peu étranglée. D’autres variétés moins répandues ont le fruit turbiné ou déprimé et fort petit, comme

  1. Hernandez, Novæ Hispaniæ Thesaurus, p. 85.
  2. Pison, Hist. brasil., p. 74 ; Marcgraf, ibid., p. 105.
  3. En anglais, le mot Gourd s’applique au Potiron (Cucurbita maxima). C’est un des exemples de la confusion des noms vulgaires, et de la précision supérieure des noms scientifiques.
  4. Naudin, Annales des sc. nat., série 4 ; vol. 12, p. 91 ; Cogniaux, dans nos Mon. Phan., 3, p. 417.