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GOURDE, COUGOURDE, CALEBASSE

Il s’agit dans ce cas de plantes cultivées. Les formes actuelles des jardins de Peking sont la Gourde massue, qui est mangeable, et la Gourde bouteille.

Les auteurs grecs n’ont pas mentionné cette plante, mais les Romains en ont parlé depuis le commencement de l’empire. Elle est assez clairement désignée par des vers souvent cités[1] du livre X de Columelle. Après avoir décrit les différentes formes du fruit :


..................... dabit illa capacem,
Nariciæ picis. aut Actæi mellis Hymetti,
Aut habilem lymphis hamulam, Bacchove lagenam,
Tum pueros eadem fluviis innare docebit.


Pline[2] parle d’une Cucurbitacée dont on faisait des vases et des barriques pour le vin, ce qui ne peut s’appliquer qu’à celle-ci.

Il ne parait pas que les Arabes en aient eu connaissance de bonne heure, car Ibn Alawâm et Ibn Baithar n’en ont rien dit[3]. Les commentateurs des livres hébreux n’ont pu attribuer aucun nom d’une manière positive à cette espèce, et cependant le climat de la Palestine était bien de nature à populariser l’usage des Gourdes, si on les avait connues. Il me parait assez douteux, d’après cela, que les anciens Égyptiens aient possédé cette plante, malgré une figure unique de feuilles, vue dans une tombe, qui lui a été attribuée quelquefois[4]. Alexandre Braun, Ascherson et Magnus, dans leur savant mémoire sur les restes de plantes égyptiennes du musée de Berlin[5], indiquent plusieurs Cucurbitacées sans mentionner celle-ci. Les premiers voyageurs modernes, comme Rauwolf[6], en 1574, l’ont vue dans les jardins de Syrie, et la Gourde dite des pèlerins, figurée, en 1539, par Brunfels, était probablement connue dès le moyen âge en Terre sainte.

Tous les botanistes du XVIe siècle ont donné des figures de cette espèce, plus souvent cultivée alors, en Europe, qu’elle ne l’est aujourd’hui. Le nom ordinaire dans ces vieux ouvrages était Cameraria, et l’on distinguait trois formes de fruits. A la couleur blanche de la fleur, toujours mentionnée, on ne peut douter de l’espèce. Je remarque aussi une figure, très mauvaise, il est vrai, où la fleur manque, mais où le fruit est exactement

  1. Tragus, Stirp., p. 285 ; Ruellius, De natura stirpium, p. 498 ; Naudin, l. c.
  2. Pline, Hist. plant., l. 19, c. 5.
  3. Ibn Alawâm, d’après E. Meyer, Geschichte der Botanik, 3, p. 60 ; Ibn Baithar, trad. de Sondtheimer.
  4. Unger, Pflanzen des alten Ægyptens, p. 59 ; Pickering, Chronol. arrangement, p. 137.
  5. In-8, 1877, p. 17.
  6. Rauwolf, Flora orient., p. 125.