Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

tous les pays tropicaux, n’est pas bien claire, d’après MM. Naudin et Cogniaux[1]. Le premier indique le Sénégal, le second l’Asie et, avec doute, l’Afrique. Il est à peine besoin de dire que Linné[2] se trompait en indiquant la Tartarie et la Chine.

L’indigénat dans l’Inde anglaise est donnée, sans hésitation, par M. Clarke, dans la flore de sir J. Hooker. Rheede[3] avait vu la plante autrefois dans les sables du Malabar. L’habitation naturelle parait limitée, car Thwaites à Ceylan, Kurz dans la Birmanie anglaise et Loureiro pour la Cochinchine et la Chine[4], ne citent l’espèce que comme cultivée, ou venant dans les décombres, près des jardins. Rumphius[5] l’appelle une plante du Bengale. Aucun Luffa n’est cultivé depuis longtemps en Chine, d’après une lettre du Dr Bretschneider. On ne connaît pas de nom sanscrit. Ce sont autant d’indices d’une mise en culture pas très ancienne en Asie.

Une variété à fruit amer est commune dans l’Inde anglaise[6] à l’état spontané, car on n’a aucun intérêt à la cultiver. Elle existe aussi dans les îles de la Sonde. C’est le Luffa amara, Roxburgh, et le L. sylvestris, Miquel. Le L. subangulata, Miquel, est une autre forme, croissant à Java, que M. Cogniaux réunit également, sur la vue d’échantillons certains.

M. Naudin n’explique pas d’après quel voyageur la plante serait sauvage en Sénégambie ; mais il dit que les nègres l’appellent Papengaye, et, comme ce nom est celui des colons de l’île de France[7], il est probable qu’il s’agit au Sénégal d’une plante cultivée, peut-être naturalisée autour des habitations. Sir Joseph Hooker, dans le Flora of tropical Africa, indique l’espèce, sans donner la preuve qu’elle soit spontanée en Afrique, et M. Cogniaux est encore plus bref. MM. Schweinfurth et Ascherson[8] ne l’énumèrent pas, soit comme spontanée, soit comme cultivée, dans la région de l’Égypte, la Nubie et l’Abyssinie. Il n’y a aucune trace d’ancienne culture en Égypte.

L’espèce a été envoyée souvent des Antilles, de la Nouvelle-Grenade, du Brésil et autres localités d’Amérique ; mais on n’a pas d’indice qu’elle y soit ancienne, ni même qu’elle s’y trouve à distance des jardins, dans un état vraiment spontané.

Les conditions ou probabilités d’origine et de date de culture sont, comme on voit, semblables pour les deux Luffa cultivés. À l’appui de l’hypothèse que ces derniers ne sont pas originaires

  1. Naudin, Ann. sc. nat., sér. 4, v. 12, p. 122 ; Cogniaux, dans Monogr. Phaner., 3, p. 459.
  2. Linné, Species, p. 1436, sous le nom de Cucumis acutangulus.
  3. Rheede, Hort. malab., 8, p. 13, t. 7.
  4. Thwaites, Enum. Ceylan., p. 126 ; Kurz, Contrib., 2, p. 101 ; Loureiro, Fl. Cochinch., p. 727.
  5. Rumphius, Amboin., 5, p. 408, t. 149
  6. Clarke, dans Flora of british India, 2, p. 614.
  7. Bojer, Hortus mauritianus.
  8. Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung, p. 268.