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PIMENT. — TOMATE

souvent Poivre de Guinée, mais aussi Poivre du Brésil, d’Inde, etc., dénominations auxquelles il est impossible d’attribuer de l’importance. La culture s’en est répandue en Europe dès le XVIe siècle. C’est un des Piments que Piso et Marcgraf[1] avaient vus cultivés au Brésil sous le nom de Quija ou Quiya. Ils ne disent rien sur sa provenance. L’espèce paraît avoir été cultivée d’ancienne date aux Antilles, où elle est désignée par plusieurs noms caraïbes[2].

Les botanistes qui ont le plus étudié les Capsicums[3] ne paraissent pas avoir rencontré dans les herbiers un seul échantillon qu’on puisse croire spontané. Je n’ai pas été plus heureux.

Selon les probabilités, la patrie originaire est le Brésil.

Le C. grossum Willdenow paraît une forme de la même espèce. On le cultive dans l’Inde, sous le nom de Kafree-murick et Kaffree-chilly, mais Roxburgh ne le regardait pas comme d’origine indienne[4].

Piment arbrisseau. — Capsicum frutescens, Willdenow.

Cette espèce, plus élevée et plus ligneuse à la base que le C. annuum, est généralement cultivée dans les régions chaudes du nouveau et de l’ancien monde. On en tire la plus grande partie du Poivre de Cayenne à l’usage des Anglais, mais ce nom s’étend quelquefois aux produits d’autres Piments.

L’auteur le plus attentif à l’origine des plantes indiennes, Roxburgh, ne le donne point pour spontané dans l’Inde. Selon Blume, il s’est naturalisé dans l’archipel indien, dans les haies[5]. Au contraire, en Amérique, où la culture est ancienne, on l’a trouvé plusieurs fois dans des forêts, avec l’apparence indigène. De Martius l’a apporté des bords de l’Amazone, Pœppig de la province de Maynas du Pérou oriental, et Blanchet de la province de Bahia[6]. Ainsi la patrie s’étend de Bahia au Pérou oriental, ce qui explique la diffusion dans l’Amérique méridionale en général.

Tomate. — Lycopersicum esculentum, Miller.

La Tomate ou Pomme d’amour appartient à un genre de Solanées dont toutes les espèces sont américaines[7]. Elle n’a point de nom dans les anciennes langues d’Asie, ni même dans les langues modernes indiennes[8]. Elle n’était pas encore cultivée au Japon du temps de Thunberg, c’est-à-dire il y a un

  1. Piso, p. 107 ; Marcgraf, p 39.
  2. Descourtilz, Flore médicale des Antilles, 6, pl. 423.
  3. Fingerhuth, Monographia gen. Capsici, p. 12 ; Sendtner, dans Flora brasil., vol. 16, p. 147.
  4. Roxburgh. Fl. ind., éd. Wall., 2, p. 260 ; éd., 1822, 2, p. 574.
  5. Blume, Bijdr. 2, p. 704.
  6. Sendtner, dans Flora bras., 10, p. 143.
  7. Alph. de Candolle. Prodr., 13, s. 1. p. 26.
  8. Roxburgh, Fl. Indica, éd. 1832, vol. 1, p. 565 ; Piddington, Index.