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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES

vue aussi de l’âge de la pierre, à Moosseedorf ; mais il est moins affirmatif et ne donne des figures que du Pois moins ancien de l’île de Saint-Pierre. Si l’espèce remonte à l’âge de pierre en Suisse, ce serait une raison de la regarder comme antérieure aux peuples aryens.

Il n’y a pas d’indication de culture du Pisum sativum dans l’ancienne Égypte ou chez les Hébreux. Au contraire, il a été cultivé depuis longtemps dans l’Inde septentrionale, s’il avait, comme le dit Piddington, un nom sanscrit, Barenso, et s’il est désigné par plusieurs noms, très différents de celui-ci, dans les langues indiennes actuelles[1]. On l’a introduit en Chine de l’Asie occidentale. Le Pent-sao, rédigé à la fin du XVIe siècle de notre ère, le nomme Pois mahométan[2].

En résumé, l’espèce paraît avoir existé dans l’Asie occidentale, peut-être du midi du Caucase à la Perse, avant d’être cultivée. Les peuples aryens l’auraient introduite en Europe, mais elle était peut-être dans l’Inde septentrionale avant l’arrivée des Aryens orientaux.

Elle n’existe peut-être plus à l’état spontané, et quand elle s’offre dans les champs, quasi spontanée, on ne dit pas qu’elle ait une forme modifiée qui se rapproche des autres espèces.

Soja. — Dolichos Soja, Linné. — Glycine Soja, Bentham.

La culture de cette Légumineuse annuelle remonte, en Chine et au Japon, à une antiquité reculée. On pouvait le présumer d’après la multitude des emplois de la graine et le nombre immense des variétés. Mais, en outre, on estime que c’est un des farineux nommés Shu dans les ouvrages chinois contemporains de Confucius, quoique le nom moderne de la plante soit Ta-tou[3]. Les graines sont à la fois nutritives et fortement oléagineuses, ce qui permet d’en tirer des préparations analogues au beurre, à l’huile et au fromage dans la cuisine japonaise et chinoise[4]. Le Soja est cultivé aussi dans l’archipel indien, mais à la fin du XVIIe siècle il était encore rare à Amboine[5], et Forster ne l’avait pas vu dans les îles de la mer Pacifique, lors du voyage de Cook. Dans l’Inde, il doit être d’une introduction moderne, car Roxburgh n’avait vu la plante qu’au jardin botanique de Calcutta, où elle provenait des Moluques[6]. On ne connaît pas de noms vulgaires indiens[7]. D’ailleurs si la culture était ancienne

  1. Piddington, Index, Roxburgh ne parle pas d’un nom sanscrit.
  2. Bretschneider, Study and value of chinese botanical works, p. 16.
  3. Bretschneider, ibid., p. 9.
  4. Voir Pailleux, dans le Bulletin de la Société d’acclimatation, sept. et oct. 1880.
  5. Rumphius, Amb., vol. 5, p. 388.
  6. Roxburgh, Flora indica, 3, p. 314.
  7. Piddington, Index.