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MILLET — PANIC D’ITALIE

semble que l’espèce aurait été cultivée spécialement dans l’Europe orientale et se serait répandue vers l’ouest à la fin de la domination gauloise. Voyons si elle est spontanée quelque part.

Linné[1] disait qu’elle habite dans l’Inde, et la plupart des auteurs le répètent ; mais les botanistes anglo-indiens[2] l’indiquent toujours comme cultivée. Elle n’est pas dans les flores du Japon. Au nord de la Chine, M. de Bunge l’a vue seulement cultivée[3] et M. Maximowicz près de l’Ussuri, au bord des prés et dans des localités voisines des habitations chinoises[4]. D’après Ledebour[5], elle est presque spontanée dans la Sibérie altaïque et la Russie moyenne, et spontanée au midi du Caucase et dans le pays de Talysch. Pour cette dernière localité il cite Hohenaker. Celui-ci cependant dit « presque spontanée »[6]. En Crimée, où elle fournit le pain des Tartares, on la trouve çà et là presque spontanée[7], ce qui arrive également dans le midi de la France, en Italie et en Autriche[8]. Elle n’est pas spontanée en Grèce[9], et personne ne l’a trouvée en Perse, ou en Syrie. Forskal et Delile l’ont indiquée en Égypte ; mais M. Ascherson ne l’admet pas[10], et Forskal l’indique en Arabie[11].

L’espèce pourrait s’être naturalisée dans ces régions, à la suite d’une culture fréquente, depuis les anciens Égyptiens. Cependant la qualité spontanée est si douteuse ailleurs que la probabilité est bien pour une origine égypto-arabique.

Panic d’Italie ou Millet à grappe. — Panicum italicum, Linné. — Setaria italica, Beauvois.

La culture de cette espèce a été une des plus répandues dans les parties tempérées de l’ancien monde, à l’époque préhistorique. Ses graines servaient à la nourriture de l’homme, tandis que maintenant on les donne surtout aux oiseaux.

En Chine, c’est une des cinq plantes que l’empereur doit semer chaque année dans une cérémonie publique, selon les ordres donnés par Chen-nung, 2700 ans avant Jésus-Christ[12]. Le nom ordinaire est Siao-mi (petit grain), et le nom plus ancien était Ku, mais celui-ci parait s’être appliqué aussi à une espèce bien dif-

  1. Linné, Species plant., 1, p. 86.
  2. Roxburgh, l. c. ; Aitchison, Punjab, p. 159.
  3. Bunge, Enumer., n. 400.
  4. Maximowicz, Primitiæ Amur., p. 330.
  5. Ledebour, Fl. ross., 4, p. 469.
  6. Hohenacker, Plant. Talysch., p. 371.
  7. Steven, Verzeichniss Halbins. Taur., p. 371.
  8. Mutel, Fl. franc., 4, p. 20 ; Parlatore, Fl. ital., 1, p. 122 ; Visiani, Fl. dalmat., 1, p. 60 ; Heldreich, Fl. Nied. Œsterr., p. 32.
  9. Heldreich, Nutzpfl. Griechenl., p. 3 ; Pflanzen Attisch. Ebene, p. 516.
  10. M. Ascherson m’avertit dans une lettre que, dans l’Aufzählung, on a omis par erreur le mot cult. après le Panicum miliaceum.
  11. Forskal, Fl. arab., p. civ.
  12. Bretschneider, On the study and value of chinese bot. works, p. 7, 8.