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MAÏS

espèces sont étendues, et en outre les plantes aquatiques ont ordinairement de plus vastes habitations que les autres. Le Riz existait peut-être avant toute culture dans l’Asie méridionale, de la Chine au Bengale, comme l’indique la diversité des noms dans les langues monosyllabiques des peuples entre l’Inde et la Chine[1]. On l’a trouvé hors des cultures dans plusieurs localités de l’Inde. Roxburgh[2] l’affirme. Il raconte que le Riz sauvage, appelé Newaree par les Telingas, croit en abondance aux bords des lacs dans le pays des Circars. Le grain en est recherché par les riches Indous ; mais on ne le sème pas, parce qu’il est peu productif. Roxburgh ne doute pas que ce ne soit la plante originelle. Thomson[3] a recueilli un Riz sauvage à Moradabad, dans la province de Dehli. Les raisons historiques appuient l’idée que ces échantillons sont indigènes. Sans cela, on pourrait les supposer un effet de la culture habituelle de l’espèce, d’autant plus qu’on a des exemples de la facilité avec laquelle le Riz se sème et se naturalise dans les pays chauds et humides[4]. Toutefois la combinaison des indices historiques et des probabilités botaniques tend à faire admettre pour l’Inde une existence antérieure à la culture.

Maïs. — Zea Mays, Linné.

« Le Maïs est originaire d’Amérique et n’a été introduit dans l’ancien monde que depuis la découverte du nouveau. Je regarde ces deux assertions comme positives, malgré l’opinion contraire de quelques auteurs et le doute émis par le célèbre agronome Bonafous, auquel nous devons le traité le plus complet sur le Maïs[5]. » C’est ainsi que je m’exprimais en 1855, après avoir déjà combattu l’idée de Bonafous au moment de la publication de son ouvrage[6]. Les preuves se sont renforcées depuis, en faveur de l’origine américaine. Cependant on a fait des tentatives dans un sens opposé, et, comme le nom de Blé de Turquie entretient une erreur, il est bon de reprendre la discussion avec de nouveaux documents.

Personne ne conteste que le Maïs était inconnu en Europe du temps de l’empire romain, mais on a prétendu qu’il avait été apporté d’Orient, au moyen âge. L’argument principal reposait sur une charte du XIIIe siècle, publiée par Molinari[7], d’après

  1. Crawford, dans Journal of botany, 1866, p. 324.
  2. Roxburgh, Fl. ind., éd. 1832, v. 2, p. 200.
  3. D’après Aitchison, Catal. Punjab, p. 137.
  4. Nees, dans Martius, Fl. brasil., in-8o 2, p. 518 ; Baker, Fl. of Mauritius, p. 458.
  5. Bonafous, Hist. nat. agric. et économique du Maïs, un vol. in-folio, Paris et Turin, 1836.
  6. A. de Candolle, Bibliothèque universelle de Genève, août 1836 ; Géogr. bot. raisonnée, p. 942.
  7. Molinari, Storia d’Incisa, Asti, 1810.