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CHAPITRE II

OBSERVATIONS GÉNÉRALES ET CONCLUSIONS

Article 1. — Régions d’où sont sorties
les plantes cultivées

Au commencement du XIXe siècle, on ignorait encore l’origine de la plupart des espèces cultivées. Linné ne s’était donné aucune peine pour la découvrir, et les auteurs subséquents n’avaient fait que copier les expressions vagues ou erronées dont il s’était servi pour indiquer leurs habitations. Alexandre de Humboldt exprimait donc le véritable état de la science en 1807 lorsqu’il disait : « L’origine, la première patrie des végétaux les plus utiles à l’homme et qui le suivent depuis les époques les plus reculées, est un secret aussi impénétrable que la demeure de tous les animaux domestiques Nous ne savons pas quelle région a produit spontanément le froment, l’orge, l’avoine et le seigle. Les plantes qui constituent la richesse naturelle de tous les habitants des tropiques, le Bananier, le Carica Papaya, le Manihot et le Maïs n’ont jamais été trouvés dans l’état sauvage. La pomme de terre présente le même phénomène[1]. »

Aujourd’hui, si quelques-unes des espèces cultivées n’ont pas encore été vues dans un état spontané, il n’en est pas de même de l’immense majorité. Nous savons au moins, le plus souvent, de quels pays elles sont originaires. Cela résultait déjà de mon travail de 1855, que les recherches actuelles plus étendues confirment presque toujours. Celles-ci ont porté sur 247 espèces[2] cultivées soit en grand par les agriculteurs, soit dans les jardins potagers ou fruitiers. J’aurais pu en ajouter quelques-unes rarement cultivées, ou mal connues, ou dont la culture a été aban-

  1. Essai sur la géographie des plantes, p. 28.
  2. En comptant deux ou trois formes qui sont plutôt des races très distinctes.