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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES

contribué à éliminer ces formes analogues[1], regardait le R. sativus comme originaire d’Orient, peut-être de Chine. Linné supposait aussi une origine chinoise, du moins quant à une variété qu’on cultive en Chine pour extraire l’huile des graines[2]. Plusieurs flores du midi de l’Europe mentionnent l’espèce comme subspontanée ou échappée des cultures, jamais comme spontanée. Ledebour avait vu un échantillon recueilli près du mont Ararat. Il en avait semé les graines et vérifié l’espèce[3]. Cependant M. Boissier[4], en 1867, dans sa flore d’Orient, se borne à dire : « Subspontané dans les cultures de l’Anatolie, près de Mersiwan (d’après Wied en Palestine (d’après lui-même), en Arménie (d’après Ledebour) et probablement ailleurs », ce qui ressemble aux assertions des flores européennes. M. Buhse[5] cite une localité, les monts Ssahend, au midi du Caucase, qui parait devoir être assez en dehors des cultures. Les flores récentes de l’Inde anglaise[6] et l’ancienne flore de Cochinchine de Loureiro indiquent l’espèce seulement comme cultivée. M. Maximowicz l’a vue dans un jardin du nord-est de la Chine[7]. Thunberg en parle comme d’une plante généralement cultivée au Japon et croissant aussi le long des chemins[8] ; mais ce dernier fait n’est pas répété par les auteurs modernes, probablement mieux informés[9].

Hérodote (Hist., 1. 2, c. 125) parle d’un radis, qu’il nomme Surmaia, dont une inscription de la pyramide de Chéops mentionnait l’emploi par les ouvriers. Unger[10] a copié dans l’ouvrage de Lepsius deux figures du temple de Karnak, dont la première tout au moins parait représenter le radis.

D’après cela, en résumé : 1o  l’espèce se répand facilement hors des cultures dans la région de l’Asie occidentale et de l’Europe méridionale, ce qui n’est pas mentionné d’une manière certaine dans les flores de l’Asie orientale ; 2o  les localités au midi du Caucase, sans indication de culture, font présumer que la plante y est spontanée. Par ces deux motifs, elle semble originaire de l’Asie occidentale, entre la Palestine, l’Anatolie et le Caucase, peut-être aussi de la Grèce ; la culture l’aurait répandue vers l’ouest et l’est, depuis des temps très anciens.

Les noms vulgaires appuient ces hypothèses. En Europe, ils offrent peu d’intérêt quand ils se rapportent à la qualité de ra-

  1. Dans A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 826.
  2. Linné, Spec. plant., p. 935.
  3. Ledebour, Fl. ross., I, p. 225.
  4. Boissier, Fl orient., I, p. 400.
  5. Buhse, Aufzählung Transcaucasien, p. 30.
  6. Hooker, Fl. brit. India, I, p. 66.
  7. Maximowicz, Primitiæ floræ Amurensis, p. 47.
  8. Thunberg, Fl. jap., p. 263.
  9. Franchet et Savatier, Enum. plant. Jap. I, p. 39.
  10. Unger, Pflanzen des alten Ægyptens, p. 31, fig. 24 et 29.