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OBSERVATIONS GÉNÉRALES

certaines espèces végétales sont en voie d’extinction ou éteintes depuis l’époque historique, et cela, non dans de petites îles, mais sur de vastes continents, sans qu’on ait constaté des modifications de climat. C’est un résultat important pour l’histoire des règnes organisés, à toutes les époques.

Article 5. — Réflexions diverses.

Je mentionnerai sommairement les suivantes :

1o  Les plantes mises en culture n’appartiennent pas à une catégorie particulière, car elles se classent dans cinquante et une familles différentes. Ce sont toutes cependant des Phanérogames, excepté le Champignon des couches (Agaricus campestris).

2o  Les caractères qui ont le plus varié dans la culture sont, en commençant par les plus variables : A, la grosseur, la forme et la couleur des parties charnues, quelle que soit leur situation (racine, bulbe, tubercule, fruit ou graine), et l’abondance de la fécule, du sucre et autres matériaux, qui se déposent dans ces parties ; — B, l’abondance des graines, qui est souvent inverse du développement des parties charnues de la plante ; — C, la forme, la grandeur ou la pubescence des organes floraux qui persistent autour des fruits ou des graines ; — D, la rapidité des phénomènes de végétation, de laquelle résulte souvent la qualité de plante ligneuse ou herbacée et de plante vivace, bisannuelle ou annuelle.

Les tiges, feuilles et fleurs varient peu dans les plantes cultivées pour ces organes. Ce sont les dernières formations de chaque pousse annuelle ou bisannuelle qui varient le plus ; en d’autres termes, les résultats de la végétation varient plus que les organes qui en sont la cause.

3o  Je n’ai pas aperçu le moindre indice d’une adaptation au froid. Quand la culture d’une espèce avance vers le nord (Maïs, Lin, Tabac, etc.), cela s’explique par la production de variétés hâtives qui ont pu mûrir avant la saison froide, ou par l’usage de cultiver dans le nord, en été, des espèces qu’on sème dans le midi en hiver. L’étude des limites boréales des espèces spontanées m’avait conduit jadis au même résultat, car elles n’ont pas changé depuis les temps historiques, bien que les graines soient portées fréquemment et continuellement au nord de chaque limite. Il faut, paraît-il, pour une modification permettant de supporter des degrés plus intenses de froid, des périodes beaucoup plus longues que 4 ou 5000 ans, ou des changements de forme et de durée.

4o  Les classifications de variétés faites par les agriculteurs et horticulteurs reposent ordinairement sur les caractères qui varient le plus (forme, grosseur, couleur, saveur des parties charnues, barbes des épis, etc.). Les botanistes se trompent quand ils