Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
IGNAMES

Konjak. — Amorphophallus Konjak, C. Koch. — Amorphophallus Rivieri, du Rieu, var. Konjak, Engler[1].

Le Konjak, cultivé en grand par les Japonais, et sur lequel le Dr Vidal a donné des détails agricoles très complets dans le Bulletin de la Société d’acclimatation de juillet 1877, est une plante bulbeuse de la famille des Aracées. Elle est considérée par M. Engler comme une variété de l’Amorphophallus Rivieri, de Cochinchine, dont les journaux d’horticulture ont donné plusieurs figures depuis quelques années[2]. On peut la cultiver dans le midi de l’Europe, à la manière des Dahlias, comme une sorte de curiosité ; mais, pour apprécier la valeur comestible des bulbes, il faudrait leur faire subir la préparation au lait de chaux, usitée par les Japonais, et s’assurer du produit en fécule pour une surface donnée.

M. Vidal n’a pas de preuve que la plante du Japon soit sauvage dans le pays. Il le suppose d’après le sens du nom vulgaire, qui est, dit-il, Konniyakou ou Yamagonniyakou, Yama signifiant montagne. MM. Franchet et Savatier[3] n’ont vu la plante que dans les jardins. La forme cochinchinoise, qu’on croit de la même espèce, est venue par les jardins, sans qu’on puisse affirmer qu’elle soit sauvage dans le pays.

Ignames. — Dioscorea sativa, D. Batatas, D. japonica et D. alata.

Les Ignames, plantes monocotylédones, de la famille des Dioscorées, constituent le genre Dioscorea, dont les botanistes ont décrit à peu près deux cents espèces, répandues dans tous les pays intertropicaux ou subtropicaux. Elles ont ordinairement des rhizomes, c’est-à-dire des tiges ou ramifications de tiges souterraines, plus ou moins charnues, qui grossissent quand la partie aérienne et annuelle de la plante est près de finir[4]. Plusieurs espèces sont cultivées en divers pays pour ces rhizomes farineux, qu’on mange cuits, comme les pommes de terre.

La distinction botanique des espèces a toujours offert des difficultés, parce que les fleurs mâles et femelles sont sur des individus différents et que les caractères à tirer des rhizomes et du bas des tiges aériennes ne se voient pas dans les herbiers. Le dernier travail d’ensemble est celui de Kunth[5], qui date de 1850. Il devrait être revu, à cause des nombreux échantillons rapportés par les voyageurs depuis quelques années. Heureusement, lors-

  1. Engler, dans DC. Monogr. Phaner., vol. 2, p. 313.
  2. Gardener’s Chronicle, 1873, p. 610 ; Flore des serres et jardins, t. 1958, 1959 ; Hooker, Bot. mag., t. 6195.
  3. Franchet et Savatier, Enum. plant. Japoniæ, 2, p. 7.
  4. M. Sagot, Bull. de la Soc. bot. de France, 1871, p. 306, a très bien décrit la manière de végéter et la culture des ignames, telle qu’il les a observées à Cayenne.
  5. Kunth, Enumeratio, vol. 5.