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ARROW-ROOT

été introduite aussi dans l’ancien monde, par exemple sur la côte de Guinée[1].

Le Maranta arundinacea est certainement américain. D’après les indications de Sloane[2], il avait été apporté de la Dominique aux Barbades et de là à la Jamaïque, ce qui fait présumer qu’il n’est pas originaire des Antilles. Le dernier auteur qui ait étudié le genre Maranta, Körnicke[3], a vu plusieurs échantillons recueillis à la Guadeloupe, à Saint-Thomas, au Mexique, dans l’Amérique centrale, à la Guyane et au Brésil ; mais il ne s’est pas occupé de savoir s’ils venaient de plantes spontanées, cultivées ou naturalisées. Les collecteurs ne l’indiquent presque jamais, et l’on manque pour le continent américain, excepté pour les États-Unis, de flores locales et surtout de flores faites par des botanistes ayant résidé dans le pays. D’après les ouvrages publiés, je vois l’espèce indiquée comme cultivée[4], ou venant dans les plantations[5], ou sans aucune explication. Une localité du Brésil, dans la province peu habitée de Matto grosso, citée par Körnicke, fait présumer l’absence de culture. Seemann[6] indique l’espèce dans les endroits exposés au soleil près de Panama.

On cultive aussi aux Antilles une espèce, Maranta indica, que Tussac dit avoir été apportée de l’Inde orientale. Körnicke lui rapporte le M. ramosissima de Wallich, trouvé à Sillet, dans l’Inde, et pense que c’est une variété du M. arundinacea. Sur trente-six espèces plus ou moins connues du genre Maranta, une trentaine au moins sont d’Amérique. Il est donc assez improbable que deux ou trois autres soient asiatiques. Jusqu’à ce que la Flore de l’Inde anglaise de sir J. Hooker soit achevée, ces questions sur les espèces de scitaminées et leurs origines seront très obscures.

Les Anglo-Indiens tirent de l’arrow-root d’une autre plante de la même famille qui croît dans les forêts du Deccan et au Malabar, le Curcuma angustifolia Roxhurgh[7]. Je ne sais si on la cultive.

  1. Hooker, Niger flora, p. 331.
  2. Sloane, Jamaïca, 1707, vol. 1, p. 254.
  3. Dans Bull. Soc. des natur. de Moscou, 1862, vol. 1, p. 34.
  4. Aublet, Guyane, 1, p. 3.
  5. Meyer, Flora Essequebo., p. 11.
  6. Seemann, Botany of Herald, p. 213.
  7. Roxburgh, Fl. indica, 1, p. 31 ; Porter, The tropical agriculturist, p. 241 ; Ainslies, Materia medica, 1, p. 19.