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FOURRAGES. — SAINFOIN

Sainfoin. Esparcette. — Hedysarum Onobrychis, Linné. — Onobrychis sativa, Lamarck.

Cette Légumineuse, dont l’utilité est incontestable dans les terrains secs et calcaires des régions tempérées, n’est pas d’un usage ancien. Les Grecs ne la cultivaient pas, et aujourd’hui encore leurs descendants ne Font pas introduite dans leur agriculture[1]. La plante nommée Onobrychis dans Dioscoride et Pline est l'Onobrychis Caput-Galli des botanistes modernes[2], espèce sauvage en Grèce et ailleurs, qu’on ne cultive pas. L’Esparcette, Lupinella des Italiens, était fort estimée, comme fourrage, dans le midi de la France, à l’époque d’Olivier de Serres[3], c’est-à-dire au XVIe siècle ; mais en Italie c’est surtout dans le XVIIIe que la culture s’en est répandue, particulièrement en Toscane[4].

L’Esparcette ou Sainfoin (autrefois Sain foin) est une plante vivace qui croît spontanément dans l’Europe tempérée, au midi du Caucase, autour de la mer Caspienne[5] et même au delà du lac Baïkal[6]. Dans le midi de l’Europe, elle est seulement sur les collines. Gussone ne la compte pas dans les espèces spontanées de Sicile, ni Moris dans celles de Sardaigne, ni Munby dans celles d’Algérie.

On ne connaît pas de nom sanscrit, persan ou arabe. Tout indique pour la culture une origine du midi de la France, peut-être aussi tardive que le XVe siècle.

Sulla ou Sainfoin d’Espagne. — Hedysarum coronarium, Linné.

La culture de cette Légumineuse, analogue au Sainfoin, dont on peut voir une bonne figure dans la Flore des serres et des jardins, vol. 13, pl. 1382, s’est répandue, dans les temps modernes, en Italie, en Sicile, à Malte et dans les îles Baléares[7]. Le marquis Grimaldi, qui l’a signalée le premier aux agriculteurs, en 1766, l’avait vue à Seminara, dans la Calabre ultérieure ; de Gasparin[8] la recommande pour l’Algérie, et il est probable que les agriculteurs de pays analogues en Australie, au Cap et dans l’Amérique méridionale ou le Mexique feraient bien de l’essayer La plante a péri aux environs d’Orange par un froid de - 6° C.

L’Hedysarum coronarium croit en Italie, depuis Gènes jusqu’à

  1. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 72.
  2. Fraas, Synopsis fl. class., p. 58 ; Lenz, Bot. alt. Griechen und Rœmer, p. 731.
  3. 0. de Serres, Théâtre de l’agric., p. 242.
  4. Targioni Tozzetti, Cenni storici, p. 34.
  5. Ledebour, Fl. ross., I, p. 708 ; Boissier, Fl. or., p. 532.
  6. Turczaninow, Flora baical, Dahur., 1, p. 340.
  7. Targioni Tozzetti, Cenni storici, p. 35 ; Marès et Vigineix, Catal. des Baléares, p. 100.
  8. De Gasparin, Cours d’agric., 4, p. 472.