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FOURRAGES. — TRÈFLES — ERS

ginalité qui dénote une culture ancienne autour des Pyrénées. Le terme, usité quelquefois, de Trèfle du Roussillon, le montre également.

La plante spontanée existe en Galice, dans la Biscaie et la Catalogne[1] mais non dans les îles Baléares[2] ; elle est en Sardaigne[3] et dans la province d’Alger[4]. On l’indique dans plusieurs localités de France, d’Italie, de Dalmatie, de la région danubienne et de la Macédoine, sans savoir, dans beaucoup de cas, si ce n’est point l’effet des cultures voisines. Une localité singulière, qui parait naturelle, au dire des auteurs anglais, est la côte de Cornouaille, près de la pointe de Lizard. Il s’agit dans ce cas, dit M. Bentham, de la variété jaune pâle, qui est vraiment sauvage sur le continent, tandis que la variété cultivée à fleurs rouges est seulement naturalisée, en Angleterre, par suite des cultures[5]. Je ne sais jusqu’à quel point cette observation de M. Bentham sur la spontanéité de la seule forme à couleur jaunâtre (var. Molinerii, Seringe) sera confirmée dans tous les pays où croît l’espèce. Elle est la seule indiquée en Sardaigne par Moris et en Dalmatie par Visiani[6], dans des localités qui paraissent naturelles (in pascuis collinis, in montanis, in herbidis). Les auteurs du Bon jardinier[7] affirment, comme M. Bentham, que le Trèfle Molinerii est spontané dans le nord de la France, celui à fleurs rouges étant importé du midi, et, tout en admettant l’absence de bonne distinction spécifique, ils notent que, dans la culture, la forme Molinerii est d’une végétation plus lente, souvent bisannuelle, au lieu d’être annuelle.

Trèfle d’Alexandrie. — Trifolium alexandrinum, Linné.

On cultive beaucoup en Égypte, comme fourrage, cette espèce annuelle de Trèfle, dont le nom arabe est Bersym ou Berzun[8]. Rien ne prouve que ce soit un usage ancien. Le nom n’est pas dans les livres sur la botanique des Hébreux ou des Araméens.

L’espèce n’est pas sauvage en Égypte, mais elle l’est certainement en Syrie et dans l’Asie Mineure[9].

Ers. — Ervum Ervilia, Linné. — Vicia Ervilia, Willdenow.

Bertoloni[10] ne mentionne pas moins de dix noms vulgaires italiens, Ervo, Lero, Zirlo, etc. C’est un indice de culture générale

  1. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 366.
  2. Marès et Virgineix, Catal. 1880.
  3. Moris, Flora sardoa, 1, p. 467.
  4. Munby, Catal., éd. 2.
  5. Bentham, Handbook of bristish flora, éd. 4, p. 117.
  6. Moris, Flora sardoa, 1, p. 467 ; Visiani, FL dalmat, , 3, p. 290.
  7. Bon jardinier, 1880, p. 619.
  8. Forskal, Flora ægypt., p. 71 ; Delile, Plant. cult. en Égypte, p. 10 ; Wilkinson, Manners and customs of ancient Egyptians, 2, p. 398.
  9. Boissier, Flora orient., 2, p. 127.
  10. Bertoloni, Fl. it., 7, p. 600.