Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/11

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de leurs coiffeurs ou de leurs femmes de chambre les intéresse bien davantage.

Savante ou ignorante, une femme peut être affectée et ridicule, si elle manque de tact et de bon sens. Il est évident que la femme instruite a sur l’homme qui ne l’est pas (il y en a) une supériorité qui déplaît à celui-ci. Pour obtenir une égalité parfaite, on pourrait accorder à la femme le droit d’être savante, — et de faire partie de l’Institut et du Parlement si l’on veut, — à l’âge où elle perd sa beauté, et auquel ces messieurs arrivent aussi, seulement, à ces postes si recherchés, vers le neuvième lustre, pour cette moitié de la vie que l’étude facilite tant à passer agréablement et utilement, alors qu’on ne peut plus prendre sa part au plaisir.

Ah ! que M. Gréard ne met-il aussi dans le programme un cours de vertu, de bon sens pratique, de discernement, de philosophie[1]…, mais il faudrait des professeurs ! À qui donner de pareilles chaires ?

Pour les filles de classe peu fortunée, une instruction trop complète n’est pas une source de bien-être ; il n’est pas possible qu’elles sacrifient assez de temps pour l’acquérir réellement profonde et de façon à y trouver une carrière brillante. Pour la femme riche, un grand savoir est une ressource, si le malheur vient frapper à sa porte. Ne vaudrait-il pas mieux réserver pour celles-là la position si estimable d’institutrice, que de les laisser s’établir lingères ou maîtresses d’hôtel, tandis que la fille née dans le commerce ne souffrira nullement d’y rester ?

  1. La philosophie fait partie maintenant de l’enseignement des jeunes filles ; voir le rapport de M.  Eugène Manuel sur le Concours de 1891.