Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
ANTHOLOGIE FÉMININE

Simon lui-même, si dédaigneux des gens de lettres, la juge en ces termes :

« Elle n’était savante que dans son cabinet et avec des savants ; partout ailleurs, simple, unie, avec de l’esprit agréable dans la conversation, on ne se serait pas douté qu’elle fût rien de plus que les femmes les plus ordinaires. »

Elle ne recherchait ni l’admiration, ni les hommages, et semblait avoir choisi pour sa devise et la règle de sa conduite ce vers de Sophocle qu’elle écrivit un jour, au-dessus de son nom, sur un album qu’on lui présentait :

Le silence est la parure des femmes.

Homère était son poète de prédilection. La Mothe eut la prétention de traduire l’Iliade sans connaître un mot de grec, en l’arrangeant et la raccourcissant, sous le prétexte d’en rendre la lecture plus agréable, ce qui lui attira la risée des savants, tout en lui valant une pension de huit cents livres ; outrée de ce crime littéraire, Mme Dacier, avec une indignation toute virile, écrivit comme réfutation son très célèbre ouvrage : les Causes de la corruption du goût, auquel La Mothe riposta par quelques réflexions spirituelles sur la critique ; ce qui fit dire aux témoins de cette lutte littéraire que La Mothe, avait discuté en « femme spirituelle » et Mme Dacier en « homme savant ».