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DEUXIÈME PÉRIODE

Un traducteur peut dire en prose tout ce qu’Homère a dit ; c’est ce qu’il ne peut jamais faire en vers, surtout en notre langue, où il faut nécessairement qu’il change, qu’il retranche, qu’il ajoute. Or, ce qu’Homère a pensé et dit, quoique rendu plus simplement et moins poétiquement qu’il ne l’a dit, vaut certainement mieux que tout ce qu’on est forcé de lui prêter en le traduisant en vers.

Voilà une première raison ; il y en a une autre : notre poésie n’est pas capable de rendre toutes les beautés d’Homère et d’atteindre à son élévation.

Elle pourra le suivre en quelques endroits choisis, elle attrapera heureusement deux vers, quatre vers, six vers, comme M. Despréaux l’a fait dans son Longin, et M. Racine dans quelques-unes de ses tragédies, mais à la longue le tissu sera si faible qu’il n’y aura rien de plus languissant......

Virgile disait « qu’il aurait été plus aisé d’arracher à Hercule sa massue que de dérober un vers à Homère par l’imitation » ; si Virgile trouvait cela si difficile en sa langue, nous devons le trouver impossible dans la nôtre.


TRAITÉ DES CAUSES DE LA CORRUPTION DU GOUST

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Mais nous avons encore deux choses qui nous sont particulières et qui contribuent autant que tout le reste à la corruption du goust. L’une, ce sont les spectacles licencieux qui combattent directement les mœurs, et dont la poésie et la musique, également molles et efféminées,