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DEUXIÈME PÉRIODE

lirent avec enthousiasme. Elle est morte à quatre-vingt-huit ans ; comme toutes les personnalités qui vivent trop âgées, elle s’est survécu et n’a pas laissé le souvenir de celles qui meurent en plein fracas de renommée.


PARADIS PERDU

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Dans les champs où l’Euphrate, éloigné de sa source,
Abandonne le Tigre et le joint dans sa course,
Se présentent d’Éden les jardins enchantés.
Là d’un premier printemps tout offre les beautés :
Des cèdres, des palmiers élevés jusqu’aux nues,
De ce séjour charmant forment les avenues.
Sur l’or et les saphirs serpentent les ruisseaux,
Et dans les prés naissants bondissent les troupeaux.
Aux approches du loup, l’agneau paraît sans crainte ;
Le tigre est sans fureur et le renard sans feinte.
Les arbres sont chargés et de fruits et de fleurs.
De l’iris leur mélange imite les couleurs.
Tel est l’heureux empire où vit dans l’innocence
Le premier des humains au sein de l’abondance ;
Chaque pas le conduit à de nouveaux plaisirs ;
L’air pur n’est agité que par les doux zéphyrs :
Ils embaument les airs, et leurs ailes légères
Y portent les parfums des terres étrangères.