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ANTHOLOGIE FÉMININE

à s’épancher. Son style exagéré choque, venant après le sobre et élégant langage des assidues de l’hôtel de Rambouillet ; mais elle s’inspirait de ses souffrances et de ses propres sentiments. C’est en mettant son cœur dans ses ouvrages qu’elle obtint les plus brillants succès. À la fin de sa vie, elle dut à sa plume de gagner sa vie, car on lui retira une pension de mille livres qui lui était allouée depuis sa sortie du théâtre. Ses principaux ouvrages sont les Lettres de la princesse Zelmaïde, les Lettres de Fanny Butler, traduites de l’anglais ; Ernestine, que La Harpe a appelée « le diamant de Mme Riccoboni » ; la Comtesse de Sancerre, Sophie de Vallière, l’Histoire du marquis de Cressys.

Néanmoins, qui est-ce qui songerait maintenant à Mme Riccoboni et à ses œuvres démodées, si elle n’avait attaché son nom à une œuvre célèbre, signée d’un nom plus illustre ! Voici comment M. Jean Fleury nous raconte l’aventure, la chose est assez curieuse pour mériter d’être relatée tout au long :

« Saint-Foix, auteur des Essais sur Paris et de quelques comédies mignardes, l’Oracle, les Grâces, soutenait un jour que le style de Marivaux était inimitable. On lui cita un roman de Crébillon fils dans lequel un des personnages, la fée Moustache, s’amuse à parodier ce style ; Saint-Foix soutint que cette imitation était très mal réussie.

« Il s’emporta, traita la fée de bavarde, disant