Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
DEUXIÈME PÉRIODE

À l’écrivain dont le goût est ma loi.
Si tu daignais sourire à mes ouvrages.
  Quel sort égaierait le mien !
  Tu réunis tous les suffrages,
  Et moi je n’aspire qu’au tien.

Il serait bien glorieux pour moi, Monsieur, de l’obtenir ; n’allez pourtant pas croire que j’ose me flatter de le mériter, mais croyez que rien ne peut égaler les sentiments d’estime et d’admiration avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc.

Probablement parce qu’il avait été dupé, Voltaire répondit moins galamment qu’au mystificateur la lettre suivante :


À Ferney, pays de Gex, le 10 février 1768.

Vous n’êtes point la Desforges-Maillard :
De l’Hélican ce triste hermaphrodite
Passa pour femme, et ce fut son seul art ;
Dès qu’il fut homme, il perdit son mérite.
Vous n’êtes point, et je m’y connais bien.
Cette Corinne et jalouse et bizarre
Qui par ses vers, où l’on n’entendait rien,
En déraison l’emportait sur Pindare.
Sapho, plus sage, en vers doux et charmants
Chanta l’amour ; elle est votre modèle.
Vous possédez son esprit, ses talents ;
Chantez, aimez, Phaon sera fidèle.

Voilà, Madame, ce que je dirais si j’avais l’âge de