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TROISIÈME PÉRIODE

LA FONTAINE DE VAUCLUSE
IDYLLE

Ce n’est pas seulement sur des rives fertiles
Que la nature plaît à notre œil enchanté :
  Dans les climats les plus stériles,
Elle nous force encor d’admirer sa beauté.
Tempi nous attendrit, Vaucluse nous étonne,
Vaucluse, horrible asile, où Flore ni Pomone
N’ont jamais prodigué leurs touchantes faveurs,
Où jamais de ses dons la terre ne couronne
  L’espérance des laboureurs.
Ici, de toutes parts, elle n’offre à la vue
Qiic les monts escarpés qui bordent ces déserts
  Et qui, se cachant dans la nue,
  Les séparent de l’univers.
Sous la voûte d’un roc dont la masse tranquille
Oppose à l’aquilon un rempart immobile.
  Dans un majestueux repos,
Habite de ces bords la naïade sauvage ;
Son front n’est point orné de flexibles roseaux,
  Et la pureté de ses eaux
Est le seul ornement qui pare son rivage.
  J’ai vu ses flots tumultueux
S’échapper de son urne en torrents écumeux ;
  J’ai vu ses ondes jaillissantes.
Se brisant à grand bruit sur des rochers affreux,
Précipiter leur cours vers des plaines riantes.
Qu’un ciel plus favorable éclaire de ses feux.