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TROISIÈME PÉRIODE

Fatiguent nos coteaux, remplissent nos forêts,
  Du sein de ses grottes profondes
  L’écho ne répondit jamais
Qu’aux accents d’un amour aussi pur que vos ondes.
Trop heureux les amants l’un de l’autre enchantés,
  Qui, sur ces rochers écartés,
Feraient revivre encor cette tendresse extrême ;
  Et, dans une douce langueur,
Oubliés des humains qu’ils oublieraient de même.
  Suffiraient seuls à leur bonheur !
Mais, hélas ! il n’est plus de chaînes aussi belles :
Pétrarque dans sa tombe enferma les Amours.
Nymphes qui répétiez ses chansons immortelles.
Vous voyez tous les ans la saison des beaux jours
  Vous porter des ondes nouvelles :
  Les siècles ont fini leur cours
Et n’ont point ramené des cœurs aussi fidèles.
Ah ! conservez du moins les sacrés monuments
  Qu’il a laissés sur vos rivages ;
Ces chiffres, de ses feux respectables garants,
Ces murs qu’il habitait, ces murs sur qui le temps
  N’osa consommer ses outrages.
Surtout que vos déserts, témoins de ses transports,
Ne recèlent jamais l’audace ou l’imposture ;
Et si quelque infidèle ose souiller ces bords.
Que votre seul aspect confonde le parjure
  Et fasse naître ses remords !