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ANTHOLOGIE FÉMININE

rares pour elle, mais ils sont vifs. Elle les saisit et les goûte avec ardeur.

Connaissant la vanité des projets et l’incertitude de l’avenir, elle veut surtout rendre heureux le moment qui s’écoule. L’imagination de Zélinde sait être riante, même quand son cœur est affligé. Des sensations trop vives et trop fortes pour sa machine, une activité excessive qui manque d’objets satisfaisants, voilà la source de tous ses maux. Avec des organes moins sensibles, Zélinde eût eu l’âme d’un grand homme. Avec moins d’esprit et de raison, elle n’eût été qu’une femme faible.


LE BARBET
FABLE

 Un vieux barbet, cher à son maître.
 Chien caressant et dévoué.
S’il se voyait quelquefois rabroué.
Se consolait, tout prêt à reconnaître
 Que c’était là le droit du jeu.
 Chacun de bile a quelque peu,
Et qui reçoit tous les jours des caresses
Peut bien parfois supporter des rudesses :
 De l’amitié les hauts et bas
 Valent mieux que l’indifférence.
 Décidément, moi je le pense.
Et le barbet aussi. Mais ne voilà-t-il pas
 Qu’un jour son maître fait l’emplette
 D’un petit chien (bichon, levrette,