Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
PREMIÈRE PÉRIODE

raient brigué l’honneur d’épouser la jeune protégée du roi, la fille du riche astrologue dont la charge rapportait deux cents livres par mois, mais un jeune « escholier », notaire et secrétaire du roi, Estienne du Castel, originaire d’une vieille et noble famille de Picardie.

Le bonheur de Christine était à son apogée. En vertu des lois qui régissent l’humanité, il devait donc décroître. Charles V mourut, le crédit de Thomas de Pisan s’évanouit, et le vieil astrologue, accablé par les infirmités et les désastres, succomba peu de temps après.

Estienne ne gagnant pas assez pour suffire à sa famille, Christine prit la plume et commença à écrire pour le public des essais historiques ; mais une catastrophe plus terrible encore devait venir briser à tout jamais « sa pauvre âme ensdolosrie ». Son mari, enlevé par la peste, la laissa sans fortune avec trois jeunes enfants et sa vieille mère à sa charge. Vieille histoire d’aujourd’hui comme d’alors, que l’on retrouve de tous les temps. Son malheur est cause de sa gloire. Elle se met au travail avec une nouvelle énergie, étudiant ce qu’elle s’aperçoit ne pas savoir assez, compulsant, feuilletant les maîtres, peuplant sa mémoire, travaillant son style ; puis elle lance ses écrits en un français très châtié, dédiés aux nobles personnages qui peuvent la protéger.

Elle dédia, entre autres, son livre de la Mutation