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ANTHOLOGIE FÉMININE

Nous donnons un extrait descriptif d’un de ses romans, et une lettre intime à un de ses amis qui dépeint bien sa belle âme.


ÉLISABETH, OU LES EXILÉS DE SIBÉRIE

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La ville de Tobolsk, capitale de la Sibérie, est située sur les rives de l’Irtish ; au nord, elle est entourée d’immenses forêts qui s’étendent jusqu’à la mer Glaciale. Dans cet espace de onze cent verstes, on rencontre des montagnes arides, rocailleuses et couvertes de neiges éternelles ; des plaines incultes, dépouillées, où, dans les jours les plus chauds de l’année, la terre ne dégèle pas à un pied ; de tristes et larges fleuves dont les eaux glacées n’ont jamais arrosé une prairie, ni vu épanouir une fleur. En avançant davantage vers le pôle, les cèdres, les sapins, tous les grands arbres disparaissent ; des broussailles de mélèzes rampants et de bouleaux nains deviennent le seul ornement de ces misérables contrées ; enfin des marais chargés de mousse se montrent comme le dernier effort d’une nature expirante ; après quoi, toute trace de végétation disparaît. Néanmoins, c’est là qu’au milieu des horreurs d’un éternel hiver la nature a encore des pompes magnifiques ; c’est là que les aurores boréales sont fréquentes et majestueuses, et qu’embrassant l’horizon en forme d’arc très clair d’où parlent des colonnes de lumière mobile, elles donnent à ces régions hyperborées des spectacles dont les merveilles sont in-