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TROISIÈME PÉRIODE

pas, pour la moitié, que ces chefs-d’œuvre sont de Mme de Girardin.

Les Lettres parisiennes du vicomte de Launay[1] sont des mémoires mondains de 1837 à 1848. Quand il y aura cinquante ans que Mme de Girardin sera morte et qu’ils seront tombés dans le domaine public, c’est-à-dire qu’il ne dépendra plus de l’éditeur de tenir sous clef l’auteur et d’étouffer sa renommée, on les publiera et on les lira avec un regain de succès, tout y étant, sans exception, intéressant ; ce que l’on ne pourrait pas dire des chroniques d’aujourd’hui, dont la plupart sont vides de faits et d’idées. On croirait vraiment que Mme de Girardin écrivait pour l’avenir. Ainsi, dans la lettre XIV, du 6 juin 1841, elle raconte d’abord la réception de Victor Hugo à l’Académie ; les choses s’y passaient à peu près comme aujourd’hui :

Jamais on n’avait vu pareille affluence, jamais la foule n’avait été plus agitée, plus impatiente ; jamais plus de coups de poing ne furent donnés par intérêt de littérature, et jamais coups de poing ne frappèrent de plus charmantes épaules ; jamais, non, jamais on n’avait compté tant de femmes et de jolies femmes dans la docte enceinte ; jamais on n’avait admiré tant de fleurs dans le vieux bocage… Dès dix heures du matin la salle était pleine ; à dix heures et demie, les hommes étaient déjà

  1. Calmann-Lévy, éditeur.