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TROISIÈME PÉRIODE


LA MUSE D’ALFRED DE MUSSET


La voyez-vous venir… Je la reconnais, moi !
La muse de Musset, étincelante, étrange.
Muse de Lamartine, elle lutte avec toi.
Et comme un chevalier guerroyant au tournoi,
Croise sa plume d’or avec ta plume d’ange.
C’est la fine railleuse, aux mots vifs et mordants.
Chantant comme un pinson, sifflant comme les merles,
Qui, tout en se moquant des sots et des pédants,
Charme, attire, éblouit : en leur montrant les dents,
Elle vient, en riant, les mordre avec des perles.
Elle tient une plume et n’a pas de ciseaux
Pour couper (comme fait le filou littéraire)
Aux strophes du voisin quelques petits morceaux.
Musset n’a-t-il pas dit : « Je hais le plagiaire ;
Mon verre n’est pas grand, mais je bois dans mon verre. »
Mais ce verre charmant, taillé, svelte, élégant.
Lorsqu’il trinquait avec la muse, sa compagne.
Faisait un bruit sonore, avec un air fringant,
S’emplissait jusqu’au bord d’une mousse d’argent ;
Il était tout pareil aux verres de champagne.
Sa muse est jeune, fraîche, et ressemble au printemps,
Chante sous les lilas et fuit les gens moroses.
Les amoureux lui font des succès éclatants ;
Elle a dans ses chansons le feu de leurs vingt ans.
Et ses plus beaux lauriers, ce sont des lauriers roses.
Elle ne porte pas, comme ces chastes sœurs.
Le péplum long et blanc. Muse folle et fêtée,