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ANTHOLOGIE FÉMININE

Par Dieu, nenni ! Veu mon malheur :
Car ainsi m’aist mon Créateur
Qu’il n’est peine que je ne sente
En la forest de Longue attente.



CLÉMENCE ISAURE

(Née à Toulouse vers 1450)


De toi l’on ne sait rien, noble dame… — et qu’importe ?
Que sait-on de l’étoile en suspens dans l’azur,
Hors cet éclat si doux que son rayon apporte,
Et qui nous fait rêver de quelque éther plus pur ?
Sous la mousse des bois n’est-il pas d’humble source
Dont les flots transparents couleraient ignorés,
Si les myosotis ne trahissaient sa course
 Au travers des cailloux dorés ?

Et tu fus, en ces temps, la source intarissable
Dont un siècle altéré but à longs traits les pleurs,
Alors qu’autour de toi, sur la ronce et le sable,
L’herbe reverdissait en s’émaillant de fleurs ;
Tu fus l’étoile d’or, parmi toutes choisie,
Qui, sous les cieux obscurs se laissant entrevoir,
Vins guider de ses feux l’errante Poésie
 Vers le berceau du Gai Savoir[1].

  1. Le Verger d’Isaure, par M. Stéphen Liégeard.