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TROISIÈME PÉRIODE

Didot). Bientôt connue et appréciée, elle a avancé rapidement dans la carrière littéraire, grâce à son style énergique. Outre les nombreux livres d’elle édités chaque année : Lettres d’Irlande, Voyage en Irlande (Hachette), etc., on trouve son nom ou son pseudonyme dans le Figaro, le Temps, la République Française, la Nouvelle Revue, l’Illustration, la Vie Parisienne, des revues anglaises et américaines, etc., sous des articles de critique sociale, politique, artistique ou littéraire, des études de mœurs, des chroniques de voyages, etc.


UNE VILLE MORTE[1]


« Au sortir de Tarascon, une grande plaine ensoleillée où les blés bondissent tout pleins de coquelicots. Nous allons bon train, au trot du robuste petit cheval camarguais, l’encolure courte, l’arrière-train ample, ramassé et tout rond, hormis les flancs évidés et la jambe plate et nerveuse, qui traîne allègrement, comme pour son plaisir, le vis-à-vis d’osier protégé par un tendelet de toile blanche orné de glands bleus. Le matin laisse encore traîner dans la lumière d’or de légères ombres bleuâtres, de larges souffles chauds traversent l’air imprégné de ces senteurs aromatiques qui sont le bouquet de la Provence.

Brusquement, au détour d’un chaînon de mamelons pelés sur lequel on bute tout à coup, c’est le désert, brûlé et aride. Le long de la route blanche de poussière,

  1. Supplément du Figaro, 1892. En Provence.